« Il n’y a pas de quoi avoir peur du nouveau référentiel »
Vigneron à Verneuil, Jérôme Bouby a repris l’exploitation familiale il y a dix ans. Malgré un parcellaire très éclaté qui demande une certaine logistique, il s’est lancé naturellement dans une démarche de certification pour faire revendiquer ses bonnes pratiques auprès des différents acteurs de la filière et de ses clients.
Pouvez-vous nous présenter votre parcours et votre exploitation ?
Après des études de viticulture puis d’œnologie, j’ai repris l’exploitation familiale il y a 10 ans. Nos vignes sont situées dans des communes aux alentours de Verneuil, ce qui a facilité mon choix de m’engager vers des certifications environnementales.
En 2020, pour être certifié HVE et VDC, j’ai choisi de me faire accompagner par la Chambre d’agriculture pour son soutien technique et ses bonnes connaissances en agronomie générale. Je suis également en conversion bio pour une petite partie de mes surfaces, 2023 sera ma première vendange certifiée.
Pourquoi vous être engagé dans une certification environnementale ?
Pour la reconnaissance du travail quotidien sur l’exploitation, par les consommateurs, mais aussi par les acheteurs. Selon moi, il y a une bonne complémentarité entre les différentes certifications, qui ont toutes quelque chose à apporter. Cela permet de démontrer les efforts et le sérieux de la profession face aux enjeux contemporains.
Comment avez-vous appréhendé votre dernier audit HVE ?
Je suis engagé via une certification collective et j’ai été tiré au sort pour un audit cette année. Au départ, j’étais un peu inquiet, car j’avais suivi les évolutions du référentiel grâce à des réunions de présentation et je voyais que les surfaces de haies étaient bien moins comptabilisées que précédemment ; or j’ai installé plus de 100 mètres de haies sur mon exploitation. Finalement, avec la valorisation des tournières, cela est compensé et pourra même permettre à de plus petites structures de s’engager.
Les réductions d’IFT ne sont pas non plus problématiques, car sur l’exploitation, on arrive désormais à bien gérer la pression des maladies en utilisant de plus en plus des produits bio et de biocontrôle comme le soufre, même les années à forte pression comme 2021.
L’action politique de la filière champagne sur les ajustements pour l’item « Fertilisation » m’a également rassuré : vu les préoccupations des consommateurs, j’essaie de réduire mes apports d’azote, mais avec la mouture de HVE proposée début 2023, j’apportais trop d’azote pour avoir suffisamment de points. Depuis les négociations avec le ministère, mon itinéraire de fertilisation me permet de valider l’item.
Que diriez-vous à un viticulteur qui hésiterait à se certifier HVE ?
Même si cela peut paraître compliqué, notamment sur la partie administrative, il est facile de se faire accompagner par des organismes de conseil. Pour moi, il est également bien plus facile de disposer d’un logiciel de traçabilité pour se certifier : cela simplifie la vie.
Enfin, je considère que nous, vignerons, devons être des éléments moteurs dans la construction des référentiels comme celui de HVE : plutôt que de craindre les modifications, soutenons les actions engagées par la filière et apportons des éléments et notre expertise.