Quelque 150 présidents de section et des administrateurs, venus de l’ensemble de l’AOC, se sont retrouvés dans la grande cave voûtée du musée, pour échanger sur leurs actualités.L’occasion de resserrer les liens entre ces acteurs majeurs du maillage du terrain du Syndicat Général des Vignerons.
Côté gourmandise, c’est le chef rémois Philippe Mille qui a concocté des bouchées savoureuses en accord avec des champagnes classifiés selon les Caractères
Vif, Fruité et Intense.
En préambule, Maxime Toubart, le président du SGV, a présenté ses vœux au public : « Nous sortons d’une année éreintante, fatigante, usante, éprouvante à tous niveaux. Au niveau commercial,nous savons d’ores et déjà que les chiffres ne seront pas très bons pour diverses raisons.Malgré tout nous pouvons rester optimistes car la Champagne va mieux que bon nombre de bassins viticoles, en France ou ailleurs. Nous subissons un revers, mais nous avons déjà connu ça par de par le passé et nous saurons trouver
des solutions. »
Il a également annoncé la prochaine évolution des statuts des sections locales qui « vous aideront à être plus d’autonomes dans la gestion de vos projets. Nous fêterons
également les 10 ans de l’inscription de la Champagne au patrimoine mondial de l’Unesco et là encore, les sections locales ont un rôle important à jouer pour mobiliser les vignerons sur l’œnotourisme, l’accueil ou encore la beauté de nos paysages ».
Pour sa part, Estelle Thibaut, la directrice générale du SGV, a insisté sur la force du collectif portée par le SGV : « Cet atout syndical doit être préservé et cela passe par la dynamisation des sections locales. Nous allons continuer à nous construire et une nouvelle brique sera bientôt posée pour vous doter de statuts adaptés. Nous souhaitons également vous accompagner dans le cadre du plan de digitalisation avec la mise en place prévue cette année d’un extranet dédié aux présidents de sections locales pour faciliter l’animation. Rappelons aussi que la digitalisation a vocation à moderniser le fonctionnement des services du Syndicat au profit des adhérents et clients. Dans un monde sans beaucoup de lisibilité, secoué dans ses équilibres économiques, géopolitiques, le collectif reste une carte maîtresse qu’il nous faut jouer. La diversité de chacune et chacun le rend encore plus fort. Alors j’espère que nous saurons innover ensemble pour la pérennité de ce modèle.»
PAROLES DE PRÉSIDENTS
Virginie Depoivre, présidente de la section de Vindey
« J’ai été élue présidente en octobre 2023. En tant que responsable d’une section locale, mon rôle est d’assurer la cohésion entre les viticulteurs et de faire le lien entre eux et la commune. Je suis également élue au conseil municipal de Vindey, ce qui me permet d’avoir les bonnes informations et de faciliter les échanges.
Nous sommes en train de créer une ASA et mobiliser l’ensemble des acteurs est essentiel pour faire aboutir ce projet. Notre rôle consiste également à faire le lien entre le SGV et les adhérents de la commune. Il nous faut suivre l’actualité, expliquer les orientations syndicales et faire remonter les informations du terrain.
Depuis que je suis présidente, nous avons répondu aux appels à projets du SGV et nous avons bénéficié de financements pour la création de notre bâton de Saint-Vincent sur lequel est représentée la fontaine de Vindey qui est en forme de bouteille. Nous réfléchissons aussi à la création d’une loge de vigne. »
Emmanuel Boulachin, président de la section locale d’Arrentières
Je suis à ce poste depuis une quinzaine d’années, mon grand-père était également président de section, c’est un peu une histoire de famille. Mon rôle est celui d’un animateur et de porte-parole du SGV. Il s’agit de faire circuler les informations de la filière auprès de l’ensemble des viticulteurs de la commune pour entretenir une cohésion syndicale.
À Arrentières, nous avons la chance d’avoir aussi un syndicat communal très ancien qui a été créé à l’époque du phylloxera pour fédérer les viticulteurs. Nous possédons un alambic que nous mettons à disposition de nos collègues et également une vigne qui est louée à un vigneron de la commune.
La section locale du SGV a plutôt un rôle politique pour faire connaître, lors de diverses réunions, les décisions concernant l’Appellation et aussi recueillir les avis des adhérents.
La flavescence dorée nous préoccupe beaucoup, nous avons trouvé un pied infecté. Mon rôle en tant que président de section est d’informer avec l’aide des correspondants AVC et de mobiliser tout le monde pour les prospections. Nous avons un collectif fort et ce maillage des sections locales est très efficace, car nous travaillons en étroite collaboration avec les administrateurs.
La révision des statuts des sections locales est nécessaire pour nous apporter un peu plus d’autonomie pour la gestion de nos projets. Nous avons par exemple profité de l’appel à projets du SGV pour rénover le local de notre alambic. »
Johnny Lemaire, président de la section locale de Mareuil-le-Port
Pour moi, présider une section c’est surtout représenter les vignerons de ma commune et faire le lien entre les instances de la profession et le vignoble. Je suis Ardennais d’origine et je me suis installé en 2001 en Champagne, la section locale m’a permis d’intégrer la famille du vignoble. Je suis également délégué régional de l’AVC et très attaché au collectif, mais malheureusement, on manque tous de temps, et ce n’est pas toujours facile de s’impliquer autant qu’on le souhaiterait.
Plusieurs projets sont portés par la section : la création d’une ASA ou encore un atelier de distillation avec un alambic collectif.
La section a été créée en 1919 et je n’ai jamais retrouvé ses statuts. Alors ce qu’est en train de faire le SGV pour nous donner un peu plus de visibilité et d’autonomie est une très bonne chose.
Nous sommes très touchés par la flavescence dorée et dans ce contexte la section locale a un rôle majeur pour organiser la lutte. Comme c’est un sujet brulant avec une véritable prise de conscience, c’est plus facile pour nous de mobiliser le plus grand nombre, ce qui n’est pas toujours le cas sur d’autres sujets. »
Lucile Proy Goulard, présidente de la section locale d’Épernay
« Comme elle est dans la ville du SGV, c’est une section assez peu connue. J’ai été élue présidente récemment et nous allons essayer de la redynamiser. Je cherche d’ailleurs des personnes intéressées pour nous rejoindre.
Après, nous allons échanger, trouver des projets. Nous sommes quand même la capitale du champagne et nous avons des sujets motivants notamment dans le domaine de l’œnotourisme. Avec le nombre de touristes qui visitent Épernay, je pense qu’on peut faire quelque chose de bien.
Ce genre de soirée est vraiment agréable, cela permet de rencontrer des confrères des différents secteurs et d’échanger sur de nombreux sujets.
C’est aussi l’occasion de resserrer des liens syndicaux, de prendre conscience de la force collective de la Champagne à travers notre syndicat. »
Léonie de Rekeneire, présidente de la section de Chézy
« Déjà je trouve que cette soirée dédiée aux présidents est une très bonne initiative. Nous n’avons pas souvent l’occasion de nous retrouver dans ce genre de moments informels et c’est très agréable de pouvoir échanger avec nos collègues.
Notre rôle est déjà de délivrer les bonnes informations utiles aux vignerons de la commune. Nous sommes une section assez dynamique très impliquée dans l’embellissement du village, pour lequel nous avons bénéficié des financements du SGV dans le cadre des appels à projets. Nous développons aussi la convivialité avec l’organisation d’une guinguette chaque année depuis deux ans.
Être présidente de section donne un vrai sentiment d’appartenance au SGV, on ressent sa force et son soutien aussi. »
Alain Leboeuf, président de la section locale de Colombé-la-Fosse
« Après un passage au Groupe des Jeunes, j’ai été élu président de la section en 2008. Mon rôle est celui d’un conciliateur. J’essaie d’écouter les gens, de les mettre autour d’une table, de les inciter à prendre la parole sur le moment et pas après coup. Et puis nous devons surtout remonter les informations qu’on nous donne parce qu’être président de section ce n’est pas penser à soi, c’est penser à son village et à ses collègues.
Colombé-la-Fosse est un village de vignerons très impliqués dans leur vignoble. Mais on croule sous les règlements qui ne sont pas toujours adaptés à notre réalité. Les normes c’est beau, mais ça ne fait pas du vin, c’est pour cela que quelquefois je me sens déconnecté du SGV.
Une des difficultés que nous devons gérer est la spécificité de notre terroir, nous n’avons pas les mêmes sols ni les mêmes conditions météo que les autres régions de l’AOC et personnellement, j’aimerais que le SGV n’accepte pas trop vite certaines dispositions qui pourraient nous compliquer la tâche. Il faut rester critique, mais d’une manière positive, exprimer ses désaccords, mais toujours dans un esprit collectif.
Malgré tout, étant un peu radical, celui qui n’est pas pour la Champagne est contre moi. Je resterai Champenois jusqu’au bout de ma vie, c’est mon métier et cela le restera toujours. »