Flavescence dorée : quelles perspectives de lutte contre le « nouveau phylloxéra » ? 

Après une campagne de prospection de grande ampleur aux mois d’août et septembre 2023, l’heure est au bilan : très positif en matière d’engagement des professionnels, mais en demi-teinte pour les résultats d’analyses, qui révèlent une extension inquiétante de certains foyers de flavescence dorée.

Temps de lecture : 3 minutes

Auteur : Anaëlle Comestaz, SGV

La communication récurrente sur la nécessité de lutter collectivement contre la flavescence dorée et l’implication des référents jaunisse sur le territoire ont payé : les surfaces prospectées de façon collective et volontaire ont augmenté de 38 % par rapport à 2022 avec pas moins de 4 500 participants. 

Grâce à la mobilisation croissante des opérateurs champenois, 6 150 hectares ont été surveillés sur 162 sections locales., en complément des 3 300 hectares soumis à une surveillance obligatoire via les zones délimitées et des 350 hectares en signalements individuels.

L’objectif de prospection envisagé par le Comité Champagne et le SGV est ainsi atteint. Cela permettra, si le rythme est maintenu, de quadriller l’ensemble du vignoble en 5 ans.

La détection précoce des potentiels foyers de flavescence dorée est essentielle pour mettre en place rapidement des mesures de lutte adaptées et ainsi limiter leur expansion. 

Pour ce faire, la prospection collective volontaire constitue la technique la plus efficace, puisqu’elle permet une surveillance homogène et exhaustive des communes.

Par ailleurs, nombreux sont les viticulteurs qui jouent le jeu de la prospection dans leurs propres parcelles en passant par une surveillance individuelle. Pour les accompagner, l’application : VigiCA disponible sur Android et iOS, permet de signaler les pieds symptomatiques. Elle contient un outil d’aide au diagnostic avec une bibliothèque de photos et un module de signalement : c’est un bon moyen complémentaire pour prospecter son vignoble. 

 

« Plus on cherche, plus on trouve ! »

Durant la campagne, 17 000 pieds symptomatiques ont été échantillonnés, prélevés et analysés en laboratoire. Ce diagnostic permet d’identifier le type de jaunisse dont est atteint le pied.

En 2023, 94% des pieds sont atteints par le bois noir, les autres analyses se révèlent positives pour la flavescence dorée.

Cette année, 14 communes sont concernées par des pieds symptomatiques de flavescence dorée, dont 6 communes nouvellement infectées. L’inquiétude réside également dans le variant détecté, le M54, qui est le plus épidémique du phytoplasme de la maladie (voir carte ci-dessous). 

 

(Cliquez sur la carte pour l’agrandir)

 

Ces nouveaux foyers ont été découverts grâce à la surveillance obligatoire, volontaire, collective ou encore individuelle, d’où l’importance de maintenir le dispositif sur le long terme.

On constate une évolution des foyers du variant M54 plus anciens, limitée dans le cas de Trélou-sur-Marne et Passy-sur-Marne, signe que les mesures de lutte appliquées qui seront déployées sur toutes les communes infectées dès 2024, sont efficaces. 

Si l’extension du foyer M54 dans la Vallée de la Marne est inquiétante, la situation semble être sous contrôle à Vert-Toulon, où un foyer M54 avait été découvert en 2021. Pour la première fois depuis l’apparition de la maladie, aucun pied du variant M54 n’a été détecté pour cette commune. Cette nouvelle encourageante devra être confirmée dans les années à venir. 

L’enjeu principal pour 2024 est d’accélérer la surveillance obligatoire, du fait de l’expansion des zones délimitées, mais aussi de renforcer le dispositif de prospections volontaires, pour assurer une veille exhaustive du vignoble.  

Il semble important de rappeler à l’ensemble des opérateurs que la détection de flavescence dorée chez un exploitant ne présage en rien de ses pratiques ! La compréhension et la solidarité sont au premier plan dans cette lutte et il est indispensable que tout viticulteur déclare des pieds suspects pour le bien de la collectivité. Dans le cas contraire, la dissimulation de pieds potentiellement infectés retarderait les moyens de lutte avec de lourdes conséquences pour tout un secteur.

 

Anaëlle Comestaz, SGV avec le Comité Champagne

Des zones blanches à mobiliser

Malgré un engagement de plus en plus important pour assurer la surveillance du vignoble, des zones restent encore en souffrance, notamment le Vitryat et la vallée de l’Ardre. 

Des réunions d’informations organisées par le SGV et coanimées par le Comité Champagne sont prévues afin de présenter les enjeux de la lutte ainsi que les modalités d’accompagnement de la filière. 

La première réunion s’est tenue à Serzy-et-Prin le 31 janvier, permettant d’identifier de nouveaux référents jaunisses et de répondre aux interrogations des opérateurs du secteur. 

Prochaine réunion le 21 mars à Lisse-en-Champagne. 

Quelles stratégies de lutte sont développées en zones délimitées ?

Quand un pied positif à la flavescence dorée est identifié, le secteur alentour entre en zone délimitée. Des mesures de lutte sont définies par l’administration, sur proposition de la commission de concertation de gestion du risque regroupant l’État, le Comité Champagne et les représentants des professionnels de la filière. 

Pour toutes les zones délimitées de Champagne, la participation à la prospection de la commune et l’arrachage systématique des pieds jaunisses sont obligatoires. Des mesures complémentaires, comme la lutte insecticide ou le nettoyage des engins mécanisés comme les effeuilleuses ou les rogneuses peuvent également être définies par arrêté préfectoral.

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