La technologie au service des vignerons

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Pour 2017, le Groupe des jeunes vignerons de la Champagne propose une assemblée générale sur le thème des technologies. En quoi pourraient-elles améliorer le quotidien des vignerons champenois ou leurs pratiques ? Qu’est-ce que les vignerons champenois sont prêts à accepter ? Comment ces nouvelles technologies peuvent s’adapter au travail des vignerons ? Telles sont les questions que posera le GDJ le 24 mars prochain au Centre Vinicole – Champagne Nicolas Feuillate.
Evidemment, les Jeunes ne manqueront pas de revenir sur l’année passée en présentant leur rapport d’activité. Année rythmée par un renouvellement important des membres du GDJ ainsi que par l’ouverture du bar éphémère dans la cour du Syndicat, temps fort de l’été 2016.
Depuis plusieurs semaines, Hugues Pereira, le président des Jeunes, et deux membres du groupe, Benoît Velut et Antonin Aubry, préparent cette assemblée générale, moment incontournable pour faire valoir ses idées auprès de la filière.
Pourquoi avoir choisi ce thème ?
Benoît Velut : La technologie pointe le bout de son nez en Champagne, il y a beaucoup d’attentes et de promesses. Tout n’est pas toujours bon à prendre, mais surtout, tout n’est pas à rejeter. En tant que jeune vigneron, on doit avoir l’esprit ouvert !
Antonin Aubry : Les Jeunes veulent aller plus loin, explorer des pistes novatrices, creuser les thèmes qui peuvent faire débattre. Cette année, c’était assez unanime, le conseil d’administration s’est largement positionné pour travailler sur les nouvelles technologies.
Hugues Pereira : J’ajouterais que c’est un thème d’actualité, on en entend parler partout et les vignerons sont, eux aussi, concernés car les normes s’empilent toujours plus, l’attente sociétale pour consommer mieux et sans intrants est de plus en plus présente. De plus, la pénibilité au travail nous oblige à trouver des alternatives.
Quel message souhaitez-vous faire passer ?
BV : Le monde change, les réalités de notre métier ont évolué. Les vignerons se sentent parfois un peu désemparés dans leurs exploitations, ils ont besoin d’éclaircissements sur tout ce qu’on entend. La véritable question qui va se poser est celle de l’applicabilité aux exploitations champenoises, il faut que les propositions soient réalistes pour les exploitations.
HP : C’est un sujet qui est assez tabou chez les vignerons. Pourtant, les nouvelles technologies, on en parle et on les utilise tous les jours. Comme nous a dit Sébastien Debuisson (du pôle technique du Comité Champagne, ndlr) lorsque nous l’avons rencontré : “La technologie est mature quand on l’accepte sans le savoir.” Nous les jeunes, on grandit et s’épanouit dedans, donc à nous de montrer le chemin. On peut allier modernité et tradition, nous voulons préparer les acteurs de la filière et être force de proposition. Nous devons évoluer, le contexte est tel que nos concurrents prennent des parts de marché sur le champagne. Après les différents voyages effectués avec le GDJ, on peut dire qu’ils sont au même stade que nous en termes de matériel, de traçabilité et mieux lotis en termes d’œnotourisme. Nous devons innover pour tenter de garder notre place de produit haut de gamme, de continuer à être le roi des vins.
A qui souhaitez-vous parler ?
HP : Bien sûr, on s’adresse aux jeunes vignerons champenois, c’est notre cœur de cible, les vignerons de demain. Comme nous, on espère qu’ils seront ouverts, curieux, désireux d’apprendre. Mais en réalité tout le monde est concerné par les nouvelles technologies, les ainés, les jeunes, les vignerons, les cavistes, les techniciens… car une technologie peut servir à une multitude de corps de métier.
AA : En fait, il faut sensibiliser l’ensemble de la filière sur les nouvelles technologies et techniques qui peuvent nous permettre de progresser dans nos exploitations, de gagner en temps et en productivité. Donc effectivement, l’assemblée générale s’adresse au plus grand nombre.
Les nouvelles technologies, c’est vaste… Ne craignez-vous pas de ne pas pouvoir aborder tous les sujets ?
BV : Justement, le plus difficile ça a été de faire un choix. Rapidement, on a compris qu’on ne pourrait pas tout étudier et tout présenter. Il y a tellement de technologies différentes, mais si on veut une AG avec du contenu et du fond, il faut éviter le catalogue.
AA : D’après moi, le choix s’est fait assez naturellement. L’AG s’est construite au fur et à mesure, d’abord par thématique de travail dans les exploitations, puis par domaine de recherche. Comme l’a dit Benoît, on savait qu’on ne pourrait pas être exhaustif, mais nous voulions absolument proposer quelque chose d’intéressant et de concret.
Qu’est-ce qui a motivé le travail sur les nanotechnologies ?
AA : Je suis à l’initiative de cette collaboration car j’ai lu des articles sur les avancées portées par les nanotechnologies en médecine humaine (la recherche sur les maladies incurables notamment). Il m’a semblé évident que les recherches pour l’homme pouvait aussi faire avancer la recherche pour le vignoble, la lutte contre le court noué par exemple, et même répondre aux problématiques que nous rencontrons pour réduire l’utilisation des produits phytosanitaires. C’est ce qui a motivé la prise de contact avec l’Institut des nanotechnologies de Lyon.
HP : Pour la réduction de l’utilisation des produits phytos, nous devons, nous vignerons, répondre à l’attente sociétale et aux médias. Prouver que l’on peut travailler sur des alternatives aux intrants. Tout cela prend du temps et a un coût mais la machine est en marche.
Par exemple, les travaux de François-Gabriel Feugier pour trouver une alternative aux pesticides est formidable. Les plans écophytos ont été mis en place sans proposer d’alternatives aux vignerons. Ce constat a motivé ses recherches et aujourd’hui, il est capable de proposer une technologie qui détecte par spectrométrie, et détruit, par laser, les insectes ou les maladies. Il y a forcément des débouchés en Champagne pour ce type de technologie car ça répond parfaitement aux attentes des vignerons.
A titre personnel, pourquoi avez-vous choisi de vous investir dans la préparation de cette assemblée générale ?
HP : En tant que président du Groupe des jeunes, c’est mon rôle ! Mais ce thème me parle car moi-même dans mon exploitation, j’attends enfin une nouveauté qui sorte de terre. Depuis dix ans, en Champagne, nous n’avons pas eu d’innovation réelle, simplement des évolutions d’outils qui existent déjà. Je remercie d’ailleurs les membres du Groupe qui se sont investis, nous avons tous une opinion ou des choix à défendre et chacun a joué un rôle important dans la construction de cette assemblée générale.
BV : Il faut toujours des personnes qui s’activent ! Le sujet me taraudait, c’est un domaine qui avance vite, je trouvais qu’il était important de continuer de se former et d’informer les vignerons. Il ne faut pas longtemps pour être perdu, les choses évoluent à vitesse grand V donc c’est l’occasion de se remettre à la page !
AA : Quand on s’investit au GDJ, il faut être conscient qu’on peut porter des messages pour faire progresser la filière. Du coup, on a aussi envie de construire ensemble les AG puisqu’elles sont notre premier moyen de communication. Qui plus est, la technologie est présente partout, mais il faudrait savoir de quoi on parle et surtout ce que l’on peut en faire. On doit connaître les impacts pour la profession pour comprendre plutôt que subir.
Les consommateurs ont l’impression que le métier de vigneron exige un savoir-faire. Ne craignez-vous pas que la technologie écorche cette image auprès du consommateur ?
BV : Cette question est revenue régulièrement lors de nos réunions. A titre personnel, je comprends que la question se pose. On valorise nos bouteilles aussi parce qu’on s’attache à travailler manuellement. Toutefois, certaines tâches, notamment celles qui sont répétitives ou dangereuses, peuvent être déléguées aux robots.
AA : L’utilisation des technologies peut être un avantage pour nos exploitations et participer de la croissance de nos entreprises.
HP : J’ajouterais que toute technologie a ses limites. Nous ne souhaitons pas voir une Champagne de robots. Le savoir-faire champenois ne peut être remplacé, autrement nous le saurions. Les robots peuvent servir à dégrossir le travail, mais nous, vignerons, sommes là pour effectuer les travaux minutieux. En fait, le vignerons est, et reste au cœur du travail de la vigne. Mais aujourd’hui, il peut s’accompagner de la technologie.
Pourquoi faut-il venir assister à l’AG ?
HP : Car ce sont les Jeunes qui l’organisent !!! Plus sérieusement, pour s’informer et s’ouvrir l’esprit sur ces technologies qui feront partie intégrante du futur des vignerons. C’est évident, alors autant s’informer dès maintenant !
BV : Ce sera surtout l’occasion d’entendre parler de toutes ces technologies avec un regard professionnel d’utilisateur potentiel. Notre vision d’exploitant permettra de concrétiser ces recherches !


Rendez-vous est donc pris le 24 mars 2017 à 13 h 45 dans la salle panoramique au Centre Vinicole – Champagne Nicolas Feuillatte.

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