Cette année, les projecteurs de l’Agence Bio étaient braqués sur le Grand Est, avec un focus sur la dynamique de la bio en Champagne. La conférence de presse annuelle — visant à présenter le panorama des filières en culture biologique, de la production aux circuits de commercialisation — s’est d’ailleurs tenue au sein de la Maison Lanson, dont une partie du domaine (vignoble de la Malmaison) est certifié AB et Demeter. Bio en Grand Est et l’Association des Champagnes Biologiques coorganisaient ce rendez-vous national.
On compte en Grand Est 4 120 fermes bio, soit 10 % des exploitations, pour 230 000 hectares, qui représentent 8 % de sa surface agricole utile. La filière viticole est motrice dans le développement de l’agriculture biologique, puisqu’elle représente environ 22 % des surfaces certifiées AB.
Selon les chiffres 2023 consolidés par Bio en Grand Est et l’Agence Bio, 631 domaines champenois sont actuellement engagés en bio, soit 5,1 % des exploitations. 2 762 ha sont engagés dans une démarche de certification bio, ce qui représente 8 % du vignoble en Champagne.
Sébastien Debuisson, directeur Qualité et Développement Durable au Comité Champagne, a réaffirmé l’ambition champenoise d’atteindre 100 % de surfaces sous certification environnementale d’ici 2030. La viticulture biologique est ainsi un levier important pour atteindre cet objectif. Le cadre de l’interprofession salue par ailleurs l’engagement des producteurs biologiques, qui se sont particulièrement mobilisés pour déployer le Plan Biodiv 2.0.
Et en vue de développer les certifications, la filière champagne s’appuie sur différents outils. Tout d’abord, un outil de résilience unique : la réserve individuelle. Ensuite, de multiples journées techniques sont organisées au sein des domaines expérimentaux comme celui de Plumecoq. Enfin, le contexte est favorable à la structuration d’une filière de plants bio et locaux via le projet Qanopée.
Delphine Brulez, vigneronne à Noé-les-Mallets (Champagne Louise Brison), a témoigné de son expérience auprès de l’Agence Bio : « Nous ne sommes pas égaux face aux nécessaires changements à apporter à la viticulture : quand je pense à certains vignerons qui négocient leurs ventes à un euro le litre, je mesure combien il peut être complexe de passer en bio. Mais nous, les maisons champenoises, n’avons aucune excuse pour ne pas saisir nos responsabilités historiques ».
La valorisation de ces labels peut aussi apporter un nouvel atout dans la commercialisation à l’export : « Les pays scandinaves, et dans une moindre mesure les Pays-Bas, sont très sensibles au bio. Ajoutez à cela que dans certains pays comme en Suède, vous avez des monopoles de vente et devenir référencé vous ouvre alors des perspectives commerciales très importantes ».
Les participants ont conclu cette journée d’échanges sur le terrain, avec une visite dans le vignoble sous l’égide de Maxime Ponson (en photo ci-dessus), vigneron à Coulommes-la-Montagne : de quoi découvrir de nouveaux espaces et innovations agroécologiques, agrémentés de témoignages concrets sur les pratiques viticoles bio.