Le futur est dans le pré

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L’un a tout juste 30 ans et l’autre, pas tout à fait. Ils se sont rencontrés sur les bancs de l’Imerir (Institut méditerranéen d’étude et de recherche en informatique et robotique), à Perpignan, où ils suivaient une formation d’ingénieur en robotique. Et depuis six ans, ils dirigent une des entreprises les plus prometteuses du moment. Gaëtan…

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Occuper le terrain pour convaincre Quand on est une toute jeune société, avec peu de clients et des coûts de développement élevés, il est toujours délicat de trouver des investisseurs prêts à prendre des risques à moyen terme. La seule solution est de convaincre que l’avenir passera par les solutions proposées par l’entreprise. Pour ce faire, Naïo Technologies n’y est pas allé par quatre chemins. La filière de la robotique agricole n’existe pas ? Qu’à cela ne tienne, il suffit de la lancer ! C’est ce que l’équipe de Naïo a réalisé les 18 et 19 novembre derniers, à l’école d’ingénieurs agronomes de Purpan, à Toulouse. Avec près de 200 participants et des intervenants internationaux de haut vol, la première édition du Forum International de Robotique Agricole (FIRA) a dépassé les prévisions les plus optimistes. Des poids lourds de l’industrie comme Sony, Fendt ou Bosch, et des sociétés spécialisées en agriculture de précision avaient fait le déplacement pour présenter leurs solutions ou simplement leur vision de l’avenir de la robotique en agriculture. Le deuxième jour, ils étaient plus de 60 personnes à participer aux "barcamps", des ateliers collaboratifs où chacun, quels que soient sa spécialité ou son niveau d’expertise, doit amener sa contribution sur le thème de l’atelier. "Il fallait montrer de façon concrète que le marché est là, insiste Gaëtan Sévérac. La réponse des acteurs à cet évènement en est une belle preuve." Tout reste à faire pour créer une filière Robotique agricole structurée, mais Naïo Technologies compte bien en être un des fers de lance.
Cocorico ! C’est assez rare pour ne pas le souligner. Les robots de Naïo Technologies sont certifiés 100% français. Les prototypes des engins imaginés et conçus par la société sont bien entendu réalisés sur place. Trop à l’étroit dans ses 300 m² actuels, la société va d’ailleurs bientôt déménager à une dizaine de km, dans des locaux deux fois plus grands. Car ces derniers hébergent aussi la chaîne d’assemblage semi-industrielle d’Oz. Et toutes les pièces d’habillage et équipements mécaniques sont fournis, pliés, soudés ou construits par des entreprises de la région. Un choix qui colle avec le travail de Responsabilité sociétale des entreprises (RSE) engagé depuis 2013, avec l’aide d’un cabinet spécialisé. "La RSE est un outil qui guide nos décisions : aider durablement les agriculteurs en respectant nos clients, nos salariés, nos fournisseurs, l’environnement et la société civile dans son ensemble", précisent ses fondateurs.
<strong>Quand les robots vont à la fac</strong> <img class="alignleft size-medium wp-image-6639" src="http://www.lachampagneviticole.fr/wp-content/uploads/2017/03/170210-naio-08-300x200.jpg" alt="" width="300" height="200" />Tester ses inventions en situation réelle est un passage obligé pour tout développeur de projet. Mais quand on travaille sur un robot viticole, trouver des vignes à proximité des bureaux, qui soient dans la configuration recherchée pour l’expérimentation et dont les propriétaires soient prêts à accepter un risque d’endommagement, n’est pas une mince affaire. C’est pourquoi, quand l’Université Paul Sabatier de Toulouse a proposé un partenariat sur un projet de jardins agroécologiques, les gens de Naïo Technologies ont sauté sur l’occasion. "Notre université a la volonté de rapprocher ses étudiants du monde de l’entreprise et de l’innovation durable", souligne Nathalie Del Vecchio, Maître de conférences à Paul Sabatier et coordinatrice du projet de jardins agroécologiques. "L’université a lancé, en novembre 2016, le projet Campus innovant, dont un des axes est la gestion environnementale de nos espaces verts, sur lesquels seront menées des expérimentations agroécologiques avec des partenaires professionnels locaux. Naïo correspondait donc parfaitement à notre cible." Concrètement, l’université met une parcelle à disposition de la start-up, qui a fourni 39 pieds de muscat bleu, mais aussi 90 pieds de framboisiers, sur lesquels les robots se feront les dents. Si Ted est le premier pressenti pour retourner à la fac, le robot à chenille Bob devrait aussi être de la partie. "Le travail de préparation du sol a été fait par le Service de Gestion d’Exploitation, un service technique du Rectorat et troisième partenaire de cette action", précise Nathalie Del Vecchio. "L’ingénieur agronome de Naïo Technologies, Axel Banon, est présent à chaque phase de ce projet. Les vignes et framboisiers seront plantés selon le plan voulu par Naïo, c’est à dire en rangs serrés pour tester en conditions réelles les capacités du robot à chenilles." Il faut maintenant attendre que les vignes poussent, mais les partenaires ont déjà un autre projet en vue : monter des serres de maraîchage pour y tester les nouvelles versions d’Oz et Dino. Chacune de ces actions servira de support pédagogique et d’observations techniques pour les élèves de plusieurs cursus (Master en robotique, bio-ingénierie, etc.). Sans compter que les étudiants pourront profiter des raisins et framboises récoltés après les essais. Les variétés plantées, tardives, ont justement été choisies pour être récoltées à la rentrée. De quoi commencer l’année du bon pied…
<strong>Le saviez-vous ?</strong> Le Myoporum sandwicense est le nom scientifique d’une plante endémique d’Hawaii, où la population l’a baptisée Naio. Cette espèce a une particularité assez spectaculaire. Pour s’adapter à son environnement, elle peut changer de taille, allant de la simple plante à un arbuste, voire un buisson, mais aussi changer la forme de ses feuilles et de ses fleurs, ou le nombre et la taille de ses fruits. Des dons de flexibilité et d’adaptabilité que les fondateurs de Naïo Technologies n’ont pourtant découverts qu’après avoir choisi ce nom pour leur société, juste parce qu’ils trouvaient que ça sonnait bien…

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