Co-organisée par l’Union des oenologues et la Société des experts chimistes de France, la journée Wine Track s’est déroulée fin 2019 à Reims. Traçabilité, authentification des vins et lutte contre la fraude ont réuni les plus grands experts pour présenter les nouvelles pistes scientifiques. Car si les faussaires redoublent d’imagination, la science affûte, elle aussi,…
Les faussaires ont du souci à se faire
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Isotopes rares et rapports isotopiques : c’est pas sorcier !
Ces techniques hier futuristes sont aujourd’hui beaucoup plus accessibles tant en termes de mise en œuvre que de coût. De plus, elles sont agréées par le comité scientifique de l’OIV (47 états-membres ; d’autres comme la Chine en cours de négociation d’entrée ; d’autres enfin non adhérents mais ayant adopté son codex scientifique). Autant d’éléments qui ouvrent de nouvelles perspectives de reconnaissance et de preuve dans les contentieux juridiques internationaux. Avant d’aller plus loin, un petit éclairage scientifique. Un même atome - par exemple de l’hydrogène ou du carbone - peut posséder plusieurs isotopes selon son nombre de neutrons et son niveau énergétique. Plus encore, la proportion de ces isotopes ou « rapport isotopique » est caractéristique de l’origine de la matière. Sans aller plus loin, on comprend déjà ainsi que l’eau du vin produite par le raisin est différente de l’eau d’un mouillage, tout comme l’on comprend que le rapport isotopique du carbone du sucre de raisin est différent du sucre de betterave, témoignant d’une chaptalisation. De la même façon, le CO2 des bulles de champagne est différent de celui du cidre. Toutes ces méthodes quantitatives, répétables, indubitables sont utilisées depuis longtemps par les services des fraudes. J.W.Strontium et bore, de vrais mouchards
Allant plus loin, Olivier Daunard, chercheur à l’Institut des sciences analytiques et de physico-chimie pour l'environnement et les matériaux de l’Université de Pau (IPREM), a travaillé sur « l’isotopologie des isotopes non traditionnels appliquée à la discrimination géographique haute résolution » (sic !). Simplifions : il a étudié entre autres le bore, le plomb et le strontium présents dans de nombreux vins français, européens, américains et chinois. Or le strontium (un alcalino-terreux présent dans le sol sous forme de traces) est très intéressant dans le cas du champagne, en raison de ses sols de craie : « Votre géologie est extrêmement rare et stable », explique le chercheur qui a analysé 27 champagnes différents. « Elle contient peu de bentonite ou autres éléments qui pourraient amener du strontium. En conséquence, la signature isotopique strontium du champagne est particulièrement fiable et déterminante. » Dans le détail, le chercheur a ensuite comparé champagne, cava et prosecco sur ce rapport isotopique du strontium, complété avec le bore, un autre discriminant : rien à voir ! « On crée une carte isotopique sur votre produit, conclut le chercheur. Il a son propre codage infalsifiable. » Coût ? 200 € l’analyse. Dernier point, cerise sur le gâteau, Christophe Pecheyran, chercheur au même institut, a lui travaillé sur les bouteilles, après avoir développé un laser spécifique qui travaille à très haute fréquence (impulsions de 10-15 secondes) avec une cellule permettant d’analyser 70 isotopes sur quelques microns de verre. On gardera un voile de secret sur le détail, mais le verre, selon son origine, possède lui aussi sa carte d’identité. Et l’on ne fait pas (encore) venir à Pomerol des bouteilles chinoises pour conditionner du Petrus ! J.W.Recherche
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