Pour répondre à la question « Quel avenir pour la vendange manuelle en Champagne ? », la 26e matinée technique Vignoble & Qualités a réuni experts et représentants de la filière au siège Terroirs et Vignerons de Champagne à Chouilly, mardi 26 mars.
Pourquoi avons-nous de plus en plus de mal à organiser nos vendanges, pourquoi les efforts de tri ne sont pas toujours suffisants… De nombreux témoignages et analyses portaient cette autre interrogation en filigrane : « La machine à vendanger est-elle la solution ? ».
Damien Champy, secrétaire général du SGV, le rappelait : « Nous sommes de plus en plus confrontés à des difficultés de recrutement. Nous devons également gérer une pression réglementaire et sociale de plus en plus importante, des problématiques d’hébergement, un risque médiatique lié à l’accueil des vendangeurs. »
Listant également « le coût de la vendange, les questions de sécurité et le développement de la prestation », Damien Champy a confirmé que des vignerons et maisons font des demandes régulières pour que le Comité Champagne développe et expérimente une machine à vendanger mécanique.
« Ceci, bien sûr, sans impact sur la qualité du champagne. »
Le secrétaire général du SGV a rappelé que le cahier des charges stipule que « Tout moyen ne permettant pas la récolte des grappes de raisin entières est interdit. » La vendange mécanique est donc possible.
Sébastien Debuisson, directeur qualité et développement durable au Comité Champagne, confirmait que des essais sont effectués depuis 1988 sur le Domaine de Plumecoq pour remplacer la main humaine par un bras mécanique muni d’une intelligence artificielle. Une solution de rêve qui serait compatible avec le cahier des charges.
« Nous avons encore testé l’an dernier et quand nous arrivons à couper une grappe dans une matinée, nous sommes contents… Concrètement, cette solution n’est donc pas envisageable à court et moyen termes ».
« Aucun gain qualitatif »
Faut-il alors raisonner machine à vendanger par égrainage ? « Ces machines sont technologiquement très avancées. La récolte mécanique des baies s’effectue par oscillations. Les raisins et jus récoltés sont collectés dans des norias puis transférés vers des bennes de transport.
La réception s’effectue au centre de pressurage par conquet et vis de chargement des pressoirs », expliquait Sébastien Debuisson, tout en précisant que ce process n’est pas compatible avec le cahier des charges.
L’expert a également présenté les essais effectués en 2018 lors d’une vendange très saine, sur un égraineur au chai avec tri mécanique et tri optique, basé sur le principe d’oscillation de type machine à vendanger. « Nous avons étudié le comportement à l’égrainage et au pressurage, les qualités analytiques des jus et vins ainsi que la qualité lors de la dégustation… Le nombre de baies égrainées triées est plutôt faible (50 %), le nombre de baies intactes est très faible sur le chardonnay et quasi-nul sur les cépages noirs. Ainsi, nos cépages s’égrainent mal et le pressurage s’annonce difficile. Il n’y a aucun gain qualitatif par rapport à la vinification en grappes entières. »
Comme le précisait Damien Champy : « À qualité d’égrainage équivalent entre égraineur et machine à vendanger, il faut ajouter le transport des jus et baies de la parcelle aux chais, adapter le parcellaire champenois et les centres de pressurage à la vendange mécanique. « On sera peut-être obligé d’y travailler », reconnaissait-il, mais cette décision engendre de nombreuses conséquences techniques avec un impact sur la qualité. »