«En l’espace de 15 ans, nous avons perdu 25 % de rendement. Le mildiou en est la deuxième cause », souligne Sébastien Debuisson, directeur qualité et développement durable au Comité Champagne. Sans nouvelle molécule à l’horizon, la protection phytosanitaire ne suffira plus à lutter contre ce pathogène. Lors de la 27e édition de Vignoble & Qualités, de nombreuses pistes de méthodes de lutte alternatives ont été présentées pour accompagner les viticulteurs dans cette transition.
Plusieurs axes de recherche
Stimuler la défense des plantes, interférer le cycle du mildiou avec des organismes ou des micro-organismes, rechercher de nouveaux biopesticides à base d’ARN ou de peptides, sont autant de leviers étudiés pour contrôler l’infestation de mildiou. « Nous explorons également des solutions pour rompre le cycle du champignon en amont dans le sol, explique François Delmotte, directeur adjoint en charge de la recherche à l’institut des sciences de la vigne et du vin de Bordeaux. En parallèle, nous menons des essais sur le retrait des feuilles, source d’inoculum dans les vignes ». La tolérance variétale est plus attendue encore. « C’est un levier pour lequel un programme de sélection est en cours, mais pas encore finalisé », indique François Delmotte. Responsable du service écosystème et protection au Comité Champagne, Marie-Laure Panon précise que « la variété Voltis constitue un levier majeur pour diminuer de façon drastique le recours aux produits phytosanitaires et l’apparition de résistances ». Première variété de la série INRA-Resdur1 à résistance polygénique, Voltis a pu être plantée en 2023 en Champagne. « À titre expérimental, nous avons construit un programme de protection fongicide basé sur trois traitements tardifs : un en saison végétative, un en début de véraison et le dernier après les vendanges dans et autour des parcelles Voltis ». Beaucoup d’espoirs sont fondés sur cette solution qui ne sera durable que si elle est combinée à d’autres leviers. Elle devrait permettre de retarder voire d’éviter l’apparition de souches contournantes et la sporulation de mildiou. Et François Delmotte de conclure : « Il n’y a pas de solution simple et unique pour compléter les efficacités des produits phytosanitaires. Toutefois, nous avons encore des marges de manœuvre en agissant sur leur efficience, sur la qualité de la pulvérisation, sur le développement de la surveillance, sur l’anticipation des risques… »
Ne pas négliger la qualité de pulvérisation
Propos de Mathieu Liebart, chef de projet viticulture au Comité Champagne
« Une pulvérisation de qualité dépend de trois principaux facteurs de performance : la technologie, les réglages et les conditions d’application. Pour une bonne répartition du produit sur la végétation, viser une taille de goutte de 150 à 200 µm pour assurer une couverture maximale y compris sur la face inférieure des feuilles. La réussite de la protection est la clé de voûte dans la lutte contre le mildiou à condition de régler correctement la pulvérisation et de veiller à l’entretien du matériel ».