Laure Ménétrier, conservatrice :
« Toute la cohérence du territoire palpable dans ce musée »
Après 25 années de sommeil, le musée d’Epernay qui avait dû être fermé pour raison de sécurité, s’est réveillé retrouvant son éclat. Un patient et énorme travail de l’ombre - scientifique sur les collections, architectural, scénographique… - a été réalisé pour le sortir de l’oubli, révéler ses trésors au grand jour. Le défi a été relevé à tous les niveaux.
© Philippe-Schilde
Conservatrice de ce musée sans équivalent, Laure Ménétrier chemine dans les différents espaces en rappelant que chaque lame de parquet, toutes les dorures ont fait l’objet d’une rénovation soignée par des entreprises spécialisées dans les monuments historiques. Tout a été revu et repensé lors de la restauration de ce bâtiment symbolique de l’éclectisme voulu par Charles Perrier « pour matérialiser dans la pierre la réussite de sa maison de champagne ». Le château a d’abord été un lieu d’habitation et de production. Ensuite, en 1943, il est devenu la propriété de la Ville d’Epernay qui l’a destiné à la culture (musées, bibliothèque). « Il y un continuum. Le respect de l’authenticité du site a guidé la rénovation, ce qui n’a pas empêché d’intégrer de la modernité pour offrir un musée du XXIe siècle. Les lustres, par exemple, ont été confiés à un maître-verrier contemporain qui a trouvé son inspiration dans les bulles », explique la directrice.
Fossile de Pseudomelania gigantea, Bligny (10). © Alain Julien
Au rez-de-chaussée, les fossiles de l’époque du Lutécien ont refait surface, dans les combles, les torques de l’époque celtique brillent sous les spots, le mystère des hypogées (sépultures collectives taillées dans la craie) est dévoilé, etc.
Apprendre en s'amusant
« Nous avons fait en sorte que chaque objet présenté dans les vitrines soit compréhensible par tous. Des fac-similés permettent d’établir un contact direct avec les formes et les matières, de ressentir les choses. Des questions-réponses (parfois avec des pièges !) permettent d’apprendre en s’amusant. Des maquettes en 3D et des outils multimédias jalonnent le parcours. On peut feuilleter des ouvrages anciens sur tablette. Chacun, à son rythme et à sa guise peut consulter des documents, écouter, toucher, sentir… C’est un musée qui fait appel aux sens. Quand cela sera possible, des casques de réalité virtuelle seront mis à disposition du public. »
Pour cette jeune femme qui a été durant une dizaine d’années la directrice des musées de Beaune (et qui a participé à la labellisation des Climats de Bourgogne à l’Unesco) avant d’arriver en Champagne, « la cohérence des collections présentées permet d’explorer le territoire sous toutes ses facettes avec une belle résonnance contenant-contenu ». « Et le produit totem de la région qu’est le champagne occupe évidemment une place de choix », conclut-elle.
Philippe Schilde