Ces dernières décennies, l’offre et la demande de vins rouges ont considérablement diminué, au profit des vins blancs et rosés. Le dernier rapport de l’Organisation internationale de la Vigne et du Vin (OIV) met en chiffres et en lumière cette évolution structurelle du marché mondial, attribuée principalement aux nouvelles préférences des consommateurs.
En voici les grandes lignes, dévoilées par nos confrères de l’Union Girondine des Vins de Bordeaux.
Présentée à Wine Paris & Vinexpo Paris, l’étude statistique de l’OIV (données collectées pour 27 pays représentant 93 % de la production mondiale et 76 % de la consommation mondiale en 2021) ausculte « l’évolution de la production et de la consommation mondiales de vin par couleur » de 2000 à 2021 (en volume).
Vin rouge
L’offre et la demande mondiales de vin rouge ont considérablement diminué au cours des 20 dernières années. Depuis le pic de 2004, la production a diminué de 25 % (110 Mhl). La baisse est également significative en termes relatifs : en 2000, les vins rouges représentaient 48 % de la production totale de vin ; elle est tombée à 42,6 % en 2021.
Production – Sur la période, la production de vin rouge est en baisse dans tous les pays européens, dont les trois premiers producteurs mondiaux que (Italie, Espagne, France). L’OIV note en particulier la forte diminution en France, de 33,5 Mhl en 2000 à 12,2 Mhl en 2021 (- 50 % en 20 ans). Ces baisses ne sont que partiellement compensées par les pays producteurs non-européens qui affichent (à l’exception de la Chine), des taux de croissance positifs : Chili +52 % Afrique du Sud + 48 %, Argentine + 30 %, Australie + 16 %, États-Unis + 4 %.
La France a aussi vu chuter sa part relative dans la production totale de vin rouge, de 21,9 % (2000-2006) à 13,9 % (2014-2021). Hormis la Chine, tous les autres pays du top 10 ont augmenté leur part dans la production mondiale en rouge, notamment l’Espagne, l’Argentine et le Chili.
Consommation – En 2021, la consommation mondiale de vin rouge a atteint 112 Mhl, soit 47 % de la consommation totale de vin. Depuis son sommet atteint en 2007, elle a diminué de 15 %, principalement sur les grands marchés européens, notamment en Allemagne, France et Italie. Dans les 3 principaux pays producteurs, la consommation en rouge enregistre de fortes baisses entre les périodes 2000-2004 et 2017-2021 : - 29 % pour l’Italie, - 40 % pour la France et - 19 % pour l’Espagne.
En revanche, la Chine (+ 51 %), les États-Unis (+41 %), la Russie et le Brésil ont enregistré des taux de croissance positifs. Les 6 premiers pays en termes de part du vin rouge dans la consommation nationale de vin se situent hors Europe, notamment en Amérique du Sud et en Asie de l’Est.
Vin blanc
En 2021, la production de vin blanc a augmenté de 13 % par rapport à son niveau le plus bas de 2002, et elle a dépassé la production de vin rouge à partir de 2013. En 2000, le vin blanc représentait en moyenne 46 % du total mondial, cette part est passée à 50 % ces dernières années. L’un des principaux moteurs de cette augmentation est l’essor des vins effervescents.
Production – Les principaux pays qui ont contribué à cette croissance sont l’Italie (de loin le 1er producteur mondial à 29,4 Mhl) grâce au succès mondial du Prosecco, les États-Unis (+ 39,6 % de production), l’Afrique du Sud (+ 16,1 %) et l’Australie (+ 16 %). Les autres grands pays producteurs de vin blanc comme la France et l’Espagne (2e et 3e producteurs mondiaux avec 18,4 Mhl et 17,4 Mhl), ont connu une tendance stable depuis le début du siècle.
Consommation – La consommation mondiale de vin blanc s’élève à 100 MHl en 2021 (47 % de la consommation totale). Contrairement à la production, elle n’a pas dépassé celle du vin rouge. L’augmentation de la demande de vin blanc, en hausse rapide depuis 2010, est principalement due à trois marchés importants de vins effervescents : les États-Unis, l’Allemagne et le Royaume-Uni. La hausse de la consommation dans ces pays fait plus que compenser l’érosion enregistrée dans les grands pays consommateurs tels que la France et l’Espagne.
Vin rosé
Au cours des 20 dernières années, le vin rosé a connu une croissance mondiale significative tant au niveau de la demande que de l’offre. La production mondiale a augmenté de 25 % entre 2001 et 2021. Au début du siècle, les vins rosés représentaient entre 6 et 7 % de la production mondiale, atteignant plus de 8 % en moyenne.
Production – L’offre de vin rosé est beaucoup plus concentrée que celle des autres couleurs, les 10 premiers pays producteurs représentant près de 90 % du total mondial en 2021 et les 3 premiers (Italie, France, Espagne) 75 %. Ce sont surtout les pays de l’hémisphère nord qui tirent la croissance, la France en particulier, qui a vu sa part augmenter de 7,5 % entre 2000-2006 et 2014-2021, pour devenir le 1er producteur mondial à hauteur de 32 % avec 6,5 Mhl. Suivent l’Espagne (passée de 26,2 % à 18,6 % avec 3,7 Mhl) et les États-Unis (16,5 % à 3,4 Mhl). Les pays de l’hémisphère sud affichent les plus forts taux de croissance, notamment le Chili et l’Afrique du Sud.
Consommation – Comme dans le cas des vins blancs, la croissance du marché du rosé (23 Mhl, 10 % de la consommation totale de vin) peut être essentiellement attribuée à une hausse de la demande au Royaume-Uni, en Allemagne et aux États-Unis. La France est de loin le principal marché au niveau mondial, représentant 37 % de la demande globale (7,6 Mhl).
Consommation par pays
Les États-Unis sont le 1er pays consommateur de vin au monde (14,1 % de la consommation mondiale) avec 11,5 Mhl de vin rouge, 18,3 Mhl de vin blanc et 3,2 Mhl de vin rosé en 2021. Depuis 20 ans, leur consommation est à la hausse dans toutes les couleurs.
L’Italie, 1er producteur en 2021, est le 2e marché mondial avec une consommation totale estimée à 24,1 Mhl (9 Mhl de vins rouges, 14,2 Mhl de vins blancs et 1 Mhl de vins rosés). La consommation de vins rouges y a diminué de 30,6 % en 20 ans.
La France complète le podium de la consommation mondiale (lire encadré ci-dessous).
Suivent l’Allemagne (20 Mhl), marché resté globalement stable au cours de la période (avec une baisse de 56 % à 48 % pour le vin rouge) ; le Royaume-Uni (environ 13 Mhl), où la consommation a augmenté de façon significative dans toutes les couleurs ; puis la Chine, où la consommation a chuté depuis 2017 à 10 Mhl ; et la Russie (10 Mhl), où la consommation toutes couleurs est à la hausse sur 20 ans.
En résumé, La chute de la consommation de vin rouge est un problème principalement européen. L’essor du vin blanc est soutenu par le boom des vins effervescents. Le vin rosé affiche une belle réussite, grâce à la consommation française.
Cécile Poursac, l’Union Girondine des Vins de Bordeaux.
L’étude complète est disponible sur www.oiv.int/fr (en anglais)