Mobilisées depuis plusieurs années sur le dossier de la RSE et du bien-être au travail, notamment par des actions concrètes autour des troubles musculosquelettiques des travailleurs de la vigne ou encore l’accompagnement psychologique par des ergonomes de la MSA des vigneronnes et vignerons en danger, les Viticultrices étendent leur réflexion au concept même d’une « seule santé ».
Dans une vision élargie qui replace l’individu au centre des exploitations, il s’agit d’interroger la santé des professionnels du vignoble en lien avec celle du végétal, du sol, de la biodiversité, du social et de l’économie de leur entreprise.
Plusieurs invités débattront du sujet lors de l’assemblée générale dont David Ménival, directeur de la Filière Champagne au Crédit Agricole du Nord-Est, Raphaël Fattier, directeur de la Cnaoc, Marie-Cécile Damave, responsable Innovations et affaires internationales au think tank Agridées ou encore Pierre Naviaux, responsable du service Développement durable au Comité Champagne.
Pour La Champagne Viticole, Séverine Couvreur, la présidente de la Commission des Viticultrices, nous précise les enjeux de ce bilan de santé.
Pourquoi aborder la notion de RSE sous l’angle de la santé ?
La RSE est un concept qui intrigue et fait plus peur qu’il ne rassure. Les vigneronnes et les vignerons y voient le danger de réglementations plus complexes et de contraintes administratives plus fortes. Ils sont déjà à saturation.
Nous les viticultrices, engagées dans la Commission, nous ressentons la même chose et nous nous sommes demandé comment imaginer nos entreprises viticoles positivement à partir de ce que l’on fait déjà, et j’insiste, de ce que l’on fait déjà bien voire très bien. Parler de notre santé, c’est nous remettre au cœur de ce qu’est la RSE : s’intéresser à nous, à nos salariés, à notre environnement de travail, à la viabilité de nos exploitations. La santé devient un vecteur d’ondes positives. Nous avons des solutions d’accompagnement qui existent et d’autres à développer.
Peut-on concevoir une réponse collective à des situations individuelles douloureuses ?
C’est ce que nous aimerions développer. Nous avons commencé avec Kiné Form & Santé en nous attaquant à la santé physique des exploitantes et des exploitants et de leurs salariés. Nous l’avons fait également collectivement en nous intéressant à la question des vêtements à destination des femmes. Rien n’était conçu pour elles. Avec l’aide de la CSGV, nous avons réussi à soutenir l’initiative de création d’une ligne spécifique pour les agricultrices et les viticultrices.
Enfin nous l’expérimentons sur le plan psychologique avec la MSA dans l’Aube, la Marne et l’Aisne où nous avons développé des actions efficaces et pérennes.
Tous ces accompagnements sont construits sur un modèle mixte : une partie en groupe et une partie individuelle dans l’exploitation. Le collectif permet de rompre l’isolement. L’accompagnement individuel permet d’aller au cœur des spécificités d’organisation de chaque structure.
Quels sont les leviers concrets pour améliorer la situation ?
J’en vois deux. Commencer par rassurer. C’est le rôle de notre AG. Mettre autour d’une table des personnes expertes sur ce sujet pour vulgariser les notions d’une seule santé, de responsabilité sociétale de la filière et donner à nos ressortissants l’envie d’aller plus loin pour imaginer le vignoble de demain et, à travers lui, l’exploitation de demain.
Et aussi, créer des groupes expérimentaux pour améliorer la santé de nos structures via la RSE et ensuite les déployer à une plus large échelle.
Je ne vous en dis pas plus : venez à notre AG vivre un moment convivial et plein d’optimisme !