La Champagne connaît une période d’accélération sans précédent. Sur le plan commercial comme sur le plan technique, tout va très vite et l’enthousiasme des générations montantes n’ayant connu que l’expansion inquiète les dirigeants syndicaux qui, pour leur part, prônent une ambition mesurée et organisée. Au début des années 1960, les expéditions de champagne battent chaque…
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Deux vendanges sereines
1962
Depuis trois ans, les quantités étaient inattendues. En 1962, c’est la qualité qui a heureusement surpris pour une vendange assez tardive. C’est une récolte moyenne en volume (7000 kg/ha dans l’Aube, 6000 kg/ha dans la Marne et l’Aisne), néanmoins le négoce a remplacé ses sorties à 95 % (ce qu’il n’espérait pas) grâce à la décision d’accorder une prime pour la vente en raisins. Ce fut une vendange « sans bruit » : un accord facile sur le prix (2,80 F/kg dans un cru à 100 % + 9 % de prime pour la vente en raisins + 0,20 F/kg de prime au cépage noble), un temps exceptionnel, des raisins sains, de beaux degrés, suffisamment de vendangeurs et pas de précipitation sur les quais.
1963
C’est la nouvelle « plus forte vendange du siècle » avec une récolte considérable, de l’ordre de 390 000 pièces (plus de 100 millions de bouteilles), sans impact négatif sur le prix du raisin qui reste stable malgré le volume (2,85 F/kg dans un cru à 100 % + 7 % de prime pour vente en raisins + 0,20 F/kg de prime aux cépages nobles). Le rendement pour le reclassement des VNC est fixé à 9 000 kg/ha. La Champagne a connu sa plus forte vente de raisins, sans le moindre heurt. De nombreux vignerons et négociants sont arrivés au maximum de leur capacité de stockage, ce qui confirme la nécessité d’investir pour anticiper l’expansion future.
Soutenues par une croissance économique très dynamique, les ventes de champagne passent de 40 millions de bouteilles en 1958 à plus de 60 millions en 1963. L’évolution des pratiques culturales (motorisation, protection phytosanitaire…) génère parallèlement une augmentation inouïe de la productivité des vignes : après « la plus grosse récolte du siècle » de 1960, 1963 amène déjà une nouvelle plus grosse récolte du siècle… Une accélération très rapide que le SGV veut canaliser : production et expéditions doivent progresser en parallèle.