Réseau Matu : l’outil essentiel à la décision vendange

L’histoire de la Champagne s’écrit la plupart du temps au collectif pluriel. À partir du 12 août, des centaines de volontaires vont arpenter le vignoble pour collecter des données de maturation à destination du Réseau Matu et de son Portail collaboratif afin d’organiser au mieux la prochaine vendange.

Temps de lecture : 3 minutes

Auteur : Alain Julien

Au-delà d’aider à déterminer la bonne date de vendanges et le bon circuit de cueillette dans les 319 communes de l’AOC, les outils du Réseau Matu permettent de caractériser le millésime, prévoir les potentialités œnologiques des moûts, prévoir le volume de la récolte grâce aux comptages de grappes, obtenir une base de données sur la situation sanitaire au vignoble à l’aide des estimations de botrytis et d’oïdium. Cela permet de visualiser l’état du vignoble, dans sa globalité au mois d’août jusuqu’aux vendanges.

Les premiers suivis de maturation des raisins en Champagne datent du milieu des années cinquante avec quelques postes d’observation surtout situés dans la Marne. C’est à partir de 1987, sous l’impulsion de Laurent Panigai, alors responsable du Service vigne au CIVC, que les professionnels de la filière ont décidé de multiplier les parcelles de prélèvement et de structurer le réseau autour d’une méthodologie partagée.

Aujourd’hui, le maillage du Réseau Matu compte 624 parcelles représentatives de l’ensemble de l’appellation Champagne avec certains secteurs particulièrement précoces ou à l’inverse très tardifs afin d’affiner les données statistiques et de s’approcher au plus juste de la réalité du terrain.

Cette année, à partir du 12 août (date choisie par les experts selon l’avancement de la phénologie), des centaines de préleveurs vont se réunir les lundis et jeudis aux points de rendez-vous diffusés sur l’extranet du Comité et seront répartis dans les parcelles par les organisateurs, la plupart du temps des correspondants de l’AVC de leur commune.

Les raisins prélevés seront pesés et examinés avant de passer dans un pressoir portable à membrane pour en extraire un moût dont le degré sera mesuré et l’acidité totale dosée. Les données seront alors saisies et envoyées aux experts du Comité Champagne qui alimenteront les pages Matu de l’extranet et le compte rendu d’analyses hebdomadaire sur les cartes issues du géoréférencement des parcelles concernées.

Portail Matu collaboratif

« Nous sommes la seule Appellation à travailler avec un outil d’aide à la décision aussi transversal et interprofessionnel au service des vignerons, des coopératives et du négoce.
Pour démultiplier sa puissance, en plus du réseau officiel des 624 parcelles, nous proposons depuis 2020 aux déclarants de récolte de rentrer leurs propres prélèvements dans le Portail Matu collaboratif mis en place sur l’extranet du Comité », explique Émeline Lourdou, responsable de projets Qualité Raisins & Vins au Comité Champagne.

Après avoir rentré leurs parcelles sur le portail, les viticulteurs pourront renseigner les différents champs pour alimenter la base de données. Il s’agit d’affiner les statistiques générales, mais également de proposer aux déclarants une interface personnalisée et gratuite de traçabilité de leur vignoble. En 2022, près de 10 000 saisies ont été effectuées sur le Portail.

« Les viticulteurs sont invités à se joindre au point de prélèvement avec leurs échantillons, ou bien de faire eux-mêmes l’analyse de leur moult extrait soit par un pressoir à membrane, soit avec un presse-purée sur le prélèvement de baies. Les données du Portail collaboratif complétées par les avis des délégués régionaux de l’AVC, prises en compte par la commission vendanges qui valide les dates de la cueillette », précise l’experte du Comité.

 

Alain Julien, avec le Comité Champagne

Objectif qualité

Pour David Gaudinat, administrateur au SGV, « le réseau Matu résume à lui seul l’ambition qualitative de la Champagne et son sens du collectif. Au-delà même de la technique viticole, cet outil créé du lien entre les professionnels qui partagent des informations et se coordonnent pour arriver à un constat commun permettant de produire le ban des vendanges pour une récolte optimale

Nous avons l’ambition de renforcer encore la précision du diagnostic et pour cela le Portail collaboratif est extrêmement précieux. Cela massifie les données et permet d’affiner le diagnostic secteur par secteur.

Là encore, le collectif joue son rôle, car les vignerons peuvent se regrouper pour effectuer les prélèvements et mettre en commun du matériel pour extraire les données ».

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