RSE : l’adaptation au changement comme moteur d’un collectif fédérateur

La 11e édition de l’événement RSE de la filière vin, les Rencontres des Vignerons engagés, s’est tenue les 21 et 22 mars dans la Côte des Bar, au sein de la coopérative Chassenay d’Arce, seul domaine champenois à détenir ce label.

Temps de lecture : 3 minutes

Auteur : Philippe Schilde

Jamais encore les Vignerons engagés, label qui promeut la Responsabilité sociale des entreprises (RSE) n’étaient montés dans un vignoble aussi septentrional que celui de Champagne pour organiser ses Rencontres annuelles, lesquelles rameutent des grappes de vignerons et domaines provenant des quatre coins de l’Hexagone, Corse comprise.

Près de 300 participants convaincus de la nécessité de changer des choses individuellement et collectivement pour continuer d’exister durablement. L’un des stickers colorés qu’ils ventilent à tout va rappelle que « La Terre est la seule planète où trouver du vin, préservons là », un bon mot qui résume l’état d’esprit poussant les adhérents (73 structures dont 45 producteurs) et partenaires de ce collectif à agir, à partager des expériences et à formuler des idées, sur le socle de convictions bien établies, mais toujours débattues et enrichies.

Comprendre la nature des problèmes

Message reçu grâce à la Coopérative de Ville-sur-Arce, qui célèbre les 60 ans de sa marque Chassenay d’Arce. Ainsi pendant deux jours baignés du soleil de la Côte des Bar, La Champagne a été au cœur d’un mouvement plein de vitalité, avec la capacité à questionner le présent comme l’avenir, pour tenter d’apporter des réponses concrètes face aux défis qui s’amoncellent.

Au programme, des forums participatifs et des ateliers sur de multiples thématiques comme le changement climatique, le dépérissement du vignoble ou encore la biologie des sols. Avec également des pistes, moins attendues, ouvertes autour de l’intégration de l’IA dans la stratégie marketing et RSE ou bien dans l’avenir des vins sans alcools…
L’accueil enthousiaste de Franck Barroy et Manuel Hénon, respectivement président et directeur général de Chassenay d’Arce, puis le propos introductif de Rémi Marlin, président de Vignerons engagés, a laissé la place à la conférence inaugurale « Et maintenant on fait quoi ? Relever les défis du XXIe siècle » menée par Arthur Keller, expert en risques sociétaux.

Avec un gros réveil affiché derrière lui sur l’écran, il s’est attaché à démontrer que le compte à rebours était lancé, voire que le temps était déjà dépassé.

De partout, selon lui, « les activités explosent et les impacts explosent. On est en dépassement écologique planétaire. Alors, parlons davantage d’une nature confrontée à une crise humaine plutôt que d’une crise écologique », tonne-t-il. Pour lui, le temps d’avoir peur est venu, persuadé que c’est là le meilleur des leviers existant pour tenter d’inverser la tendance. « Non, la peur ne paralyse pas ; au contraire elle mobilise. Elle est indispensable pour atténuer la crise, s’adapter et s’employer à faire du régénératif ». Persuadé que les « communautés qui s’en sortent sont celles qui s’entraident », Arthur Keller consent, au final, à formuler une petite lueur « d’espoir lucide ». « Pour cela, il faut préserver le foncier nourricier, relocaliser et diversifier les activités. Cela passe par des collaborations interculturelles, de la solidarité, de l’inclusivité, de la cohésion territoriale. Mais aussi par des efforts, des sacrifices, des renoncements ». Sinon…

LE CHAMPAGNE SAINT-PHILIBERT PRÊCHE POUR UN DÉVELOPPEMENT DU LABEL CHEZ LES VIGNERONS

Outre Chassenay d’Arce, une deuxième marque champenoise participait activement à ces journées organisées dans l’Aube : le Champagne Saint-Philibert. Le couple Tony Gaudinat et Sabrina Pasté, à la tête de l’exploitation basée à Festigny, vise le label Vignerons engagés et est déjà bien avancé dans une démarche qui colle parfaitement avec les valeurs portées par ces jeunes vignerons marnais. « Depuis 2016, nous sommes certifiés HVE et VDC. Pour autant, nous voulions aller plus loin encore, affirment-ils. L’épisode Covid a été l’occasion de nous remettre toujours plus en question. En effectuant des recherches autour du mot RSE sur internet, nous sommes tombés sur le label et avons tout de suite accroché. C’était fait pour nous ».
Pour Sabrina, qui avait participé aux Rencontres organisées en 2022 en Bourgogne chez les Vignerons engagés, on ne se limite aux problématiques environnementales. À travers ce label on travaille sur les piliers économiques et sociaux avec forces et convictions. Par exemple, nous avons résolu les problèmes de recrutement dont souffrent tant de structures champenoises aujourd’hui. Nous avons revu à la hausse les fonctions et les conditions salariales des 8 employés permanents de Saint-Philibert. Tous sont devenus de véritables forces de proposition depuis que nous avons introduit le management participatif, lequel responsabilise et fédère ». Ainsi le slogan inscrit en rouge et en gros sur leur doudoune : « Éthique de la vigne à la flûte » a été créé par leurs salariés eux-mêmes. Tout le monde réfléchit et agit.

Des efforts qui produisent leurs effets

« Pour notre approvisionnement en muselets, nous avons incité notre fournisseur à nous les livrer en caisses consignées et nous espérons que cela pourra s’étendre aux coiffes à l’avenir. Nous produisons quatre fois moins de déchets qu’avant, mais il est possible d’améliorer nombre de nos pratiques de façon continue. Chez Saint-Philibert nous sommes vignerons engagés et convaincus. Nous espérons qu’avec Chassenay d’Arce, moteur en matière de RSE dans la région, mais aussi avec les maisons et les acteurs de la filière de bonne volonté nous apportant d’ores et déjà leur soutien, que des vignerons champenois nous rejoindront. Il n’y a qu’ensemble que l’on parviendra à changer réellement le cours de choses… », appuient de concert Sabrina et Tony. Ils ont les yeux rivés sur un avenir moins sombre que celui ayant été prédit à tous en ouverture des Rencontres par Arthur Keller. Les vignerons marnais partagent néanmoins la conclusion de cet orateur provocateur : « Déclic ou déclin ? ».

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