Saint-Lumier-en-Champagne est un cru de la Champagne situé à 10 km au nord de Vitry-le-François. Il fait partie de la région viticole des Coteaux du Vitryat.
Nous sommes dans le Perthois viticole, illustré par une ligne de relief, la Côte de Champagne, qui représente une rupture topographique à la jonction entre les plaines de la Champagne crayeuse et de la Champagne humide. Le vignoble escarnot est installé à l’extrémité sud d’une crête crayeuse d’axe nord-est/sud-ouest, isolée entre les cours d’eau La Lisse et le Fion (du latin flumen, fleuve ou rivière) qui rejoint la Marne à La Chaussée-sur-Marne. Le Fion interrompt au sud la crête crayeuse, dont l’érosion a modelé deux versants à la pente atteignant 13 % en moyenne.
Le vignoble du versant sud (lieudit Les Larys : versant de colline ou lande dont on se sert de pacage pour les moutons) est situé dans le prolongement de celui de Bassuet, entre 120 m et 170 m d’altitude, et regarde vers le sud-est. Le Turonien inférieur est minoritaire, sous la forme d’une craie marneuse verdâtre et tendre. Le Turonien moyen occupe les deux tiers du versant, avec une craie en bancs, plus compacte, gris-verdâtre, de plus en plus marneuse en montant. Le tiers restant est occupé par la craie blanche à gris clair du Turonien supérieur.
Le lieudit des Hautes Plantes (jeunes vignes) porte le vignoble du versant nord, établi entre 125 m et 175 m d’altitude, sur le Turonien moyen et légèrement sur le Turonien supérieur. Il regarde vers le sud. Les différentes craies du vignoble ont été érodées puis remaniées en partie pendant les périodes interglaciaires et par le travail humain.
Avant la Révolution, en 1773, le pourcentage de la superficie agricole plantée en vignes dépasse 10 % à Saint-Lumier. Après la forte expansion du xixe siècle (4 000 ha en 1840), le phylloxera détruit un vignoble délaissé, qui renaîtra dans les années 1960-1970.
Aujourd’hui, Saint-Lumier-en-Champagne porte 31,70 ha de vignes où le Chardonnay domine à 97 %, suivi par le Pinot noir. Plus de 60 % du vignoble est âgé d’au moins 30 ans.
Dualité franche et exotique
Mêlé de fruits blancs, de prune, de pêche, d’épices, avec une fraîcheur enrobée (fruité pulpeux et charnu) sur la craie marneuse, le Chardonnay du cru évoque sur la craie blanche des notes plus exotiques de fruit de la passion ou d’ananas, et plus de franchise portée par des touches de pamplemousse ou de citron jaune et vert. Cette dualité existante sur une même parcelle ou sur le coteau, confère soit de fortes typicités intéressantes à isoler, soit un équilibre dans les vins avec un effet tampon dans les assemblages multirégions.
La saisonnalité en septembre offre des atouts culinaires pour soutenir des vendanges ensoleillées : plateau d’huîtres, sole aux petits champignons, œufs mollets et épinards, gratin de blettes au parmesan, poulet sauté au brocoli, omelettes aux girolles, clafoutis aux raisins, sans oublier chaource, brie et fromage de chèvre local de la Chaussée-sur-Marne. Munis de gourmandises caprines pour vous rendre à Saint-Lumier, vous ferez la liaison entre la vallée de la Marne et la vallée du Fion, sur la Via Francigena, une des trois grandes voies de pèlerinages chrétiens (avec le chemin de Compostelle et celui de Jérusalem), et la plus ancienne des voies de pèlerinage médiéval reliant l’Europe du Nord-Ouest à l’Italie et en particulier à Rome.
Ces valeurs de dépassement de soi et d’échanges culturels, sont incarnées par Saint-Lumier, chargé de la paroisse de Saint-Memmie avant de devenir évêque de Châlons, dont le diocèse s’étendait à Saint-Dizier. Le village s’est appelé Lumier puis Saint-Lumier en 1540. Lumier était effectivement très apprécié du peuple : « Lumier qui était bien fait de sa personne, modeste en son maintien, respirant la pureté et répandant autour de lui, comme un suave parfum, la bonne odeur de ses vertus. » Un témoignage digne d’un commentaire de dégustation attribué au champagne escarnot. Bonnes vendanges à tous !
