Un vignoble en quête de rajeunissement

Le renouvellement du vignoble champenois est un enjeu majeur de l’Appellation depuis plusieurs années. Les pépiniéristes sont en première ligne pour fournir aux viticulteurs les plants qui assureront l’avenir de la production en Champagne.

Temps de lecture : 3 minutes

Auteur : Guillaume Perrin

Le vignoble champenois a grandement besoin d’être rajeuni : selon le Comité Champagne, qui avait fait du sujet l’an dernier une « priorité majeure », l’âge moyen des vignes a progressé de plus de 10 ans ces 20 dernières années, passant de 23,15 ans en 2002 à 34,28 ans en 2021. « On a du mal à dépasser 1 %…

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De l’avis de Jean-Michel Dumont (à droite), il convient de contacter un pépiniériste dès que la décision d’arracher une vigne est actée.

« Nous sommes de moins en moins nombreux à exercer la profession de pépiniériste – une petite quinzaine en Champagne contre environ 70 dans les années 1990 – après des années de moindres demandes de plants qui ont causé l’arrêt d’activité de bon nombre d’entre nous », note Jean-Michel Dumont.

Ces baisses d’effectifs, qui se cumulent à « un travail très manuel soumis à de fortes contraintes administratives, comme dans toute la France », nécessitent d’anticiper toujours plus les demandes de plants, qui sont produits en quelque 18 mois. En conséquence, mieux vaut « prévenir son pépiniériste dès le moment où l’on décide d’arracher une vigne. »

Les porte-greffes et greffons commandés par la pépinière Dumont en novembre 2022 donneront ainsi naissance à des plants disponibles au printemps 2024. La campagne de greffage débutera mi-mars chez les Dumont, à Rilly-la-Montagne.
Selon le Comité Champagne, il est possible de « remplacer les ceps manquants sur des îlots de parcelles de façon à organiser une rotation sur l’ensemble de l’exploitation sur un pas de temps de 2 à 3 ans. »

En effet, « le nombre de ceps manquants est souvent sous-estimé, et plus on attend, plus la mise en œuvre du chantier est compliquée. Si on considère une mortalité annuelle de 1 % et une densité de 8 000 plants/ha, cela représente 80 plants par hectare et par an. Il est donc important de réaliser des comptages à la parcelle et de remplacer les plants de façon régulière et ce, dès les premières années de la jeune vigne », relèvent les services de l’interprofession.

« Repartir avec une vigne saine et productive »

« Les exploitants avec de petites surfaces ne pratiquent que l’entreplantation », regrette Jean-Michel Dumont. Or, le Comité Champagne note que près de 60 % des plants entreplantés n’entrent jamais en production. En effet, « sur une vieille vigne, les sols sont tassés, les jeunes vignes ne voient pas bien le soleil, et avec le passage des interceps, beaucoup de plants meurent sans avoir jamais produit de raisins. » Ce qui participe directement à la baisse de rendement constatée.

L’idéal serait d’arracher « le plus rapidement possible après les vendanges » et de replanter, afin de mettre en place « un matériel sain dans une parcelle bien préparée, pour repartir avec une vigne en bonne santé, vigoureuse et productive. C’est pour cela que l’interprofession a mis en place une mesure technique (lire notre article dédié à ce sujet) qui permet de compenser par un déblocage les trois années de manque de récolte. »

La mesure, qui commence à entrer dans les mœurs, a pour but de faciliter les arrachages de vignes, mais elle reste plutôt incomprise, estime Jean-Michel Dumont : « En trois ans, le remplacement de la vigne est pratiquement payé : les plants, le travail de plantation et une partie de la récolte ! C’est une opération hyper intéressante. »

Les plantations, « il faudrait les gérer comme un jardin. Le devenir d’une vigne se joue sur les entretiens au cours des deux premières années. Les gens oublient parfois de traiter leurs plants contre le mildiou ou de désherber aux alentours… S’il y a de l’herbe, il y a de la concurrence hydrique. » « Travailler le sol et ne pas plomber les terrains », c’est indispensable pour ne pas entamer le potentiel de production de la vigne, juge le pépiniériste rillois. Passer avec des engins légers et travailler autant que possible par temps sec constituent d’autres bonnes pratiques.

Attention cependant, « les labours réguliers entretiennent l’humidité des plants », ce qui occasionne des conditions favorables au développement du mildiou sur des végétaux fragiles. « Au stade 5 à 6 feuilles, on arrête de traiter la plante alors qu’elle continue à pousser. C’est important qu’elle le fasse, car c’est le signe que le système racinaire se développe, mais c’est aussi le moment où elle est la plus sensible », avertit le spécialiste.

« Les entreplantations nous mettent face à de petites impasses techniques, telles que l’absence d’outil idéal de protection lors des passages d’interceps… », concède également Jean-Michel Dumont. Vu l’environnement de la parcelle existante, les possibilités de traitement sont moindres, mais si les sols concernés sont moins souvent travaillés, le mildiou ne se développe pas aussi fortement que dans le cas d’une plantation intégrale.

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