Une bonne partie des vins de cette dynamique maison d’Avenay-Val-d’Or est élevée sous bois. Dans les caves de la rue des Remparts, plusieurs rangées de tonneaux et deux foudres de 21 hectolitres chacun, permettent un élevage sur lies qui, en vinification, perpétue l’ADN de cette marque fondée en 1946. Depuis lors, elle s’attache à produire…
Sacré coup de foudre pour Carole et Aurélien
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Questions d’actualité brûlante
ZNT – Sur Avize, la famille Gabriel Pagin possède une parcelle en partie collée à une maison. « Si le projet gouvernemental instituant des zones de non traitement de 10 mètres venait à s’appliquer, c’est un tiers de cette vigne qui sauterait. Certes, elle ne serait pas déclassée, mais elle serait non traitable… », observe Aurélien, en faisant un rapide état lieux : « Au total, nous pourrions perdre une dizaine d’ares ». Il convient que des « remises en cause » sont parfois nécessaires concernant les traitements, mais note qu’à « l’échelle de la Champagne un effort considérable a été engagé concernant les réductions de doses et nous continuons à sensibiliser toujours plus de monde ». Sa maman Marie-Catherine ne cache pas qu’elle a vu, par exemple, d’un bon œil l’arrêt des aspersions par hélicoptère : « Quand il passait pour traiter les vignes alentour, il traitait notre jardin en même temps ! Nos capots de voitures et les Vélux de la maison étaient recouverts d’une pellicule de produits », se souvient-elle, pas mécontente que l’aérien ait pris fin. Pour revenir aux ZNT, Aurélien tient à poser une question de fond, estimant qu’il faudrait prendre en considération le fait que les vignes aient été là avant la construction des habitations. « Avant ou après, ce n’est pas pareil. Il apparaît légitime d’aborder cet aspect du sujet. » « Zéro herbicide » - L’horizon de 2025 fixé par les instances champenoises pour en finir avec l’utilisation des herbicides sur l’ensemble de l’appellation ne concerne pas vraiment la maison Gabriel-Pagin Fils puisque cela fait nombre d’années que les herbicides sont bannis ici. « A son époque, mon grand-père Roger labourait déjà ses vignes. Mon père a suivi son exemple en travaillant sans désherbant. Personnellement, je pratique un travail du sol en plein, avec un labour sous et au milieu du rang. Puis nous laissons l’herbe repartir d’elle-même. » « Pascal, mon époux, a toujours privilégié la qualité des raisins à la quantité, Aurélien et Carole tracent leur chemin dans ce même sillon », se réjouit la maman. Robotisation – Quand on possède une trentaine de parcelles réparties sur plusieurs communes (Avenay-Val-d’Or, Mutigny, Avize, Cramant et Cuis) il paraît, pour l’heure, difficile d’envisager investir dans des robots qui nécessitent des solutions de transport. « Pour celui qui dispose d'un bloc de vigne d’une dizaine ou d’une douzaine d’hectares, l’acquisition de ce type d’outil peut être envisageable, mais pour nous qui exploitons 9,5 ha disséminés sur cinq finages, ce n’est pas à l’ordre du jour. Pour autant, je crois à l’avenir de ces machines dès lors qu’elles permettent de réduire encore l’impact environnemental et notamment le bruit. Les enjambeurs classiques restent assez bruyants et il faut aussi tenir compte de cette nuisance sonore à proximité des habitations », analyse Aurélien. Le prix actuel des enjambeurs électriques est, selon lui, encore dissuasif pour des exploitations de la taille du Champagne Gabriel-Pagin Fils. « On ne peut pas changer de matériel tous les cinq matins. En revanche, il convient de s’équiper pour la pulvérisation confinée… ».Export : les Etats-Unis en point de mire
Sur le mode des représailles qu’il affectionne tant, Donald Trump a beau menacer le vin français, et donc le champagne, de nouvelles taxes aux Etats-Unis, Carole et Aurélien Gabriel aimeraient développer leurs ventes sur le continent nord-américain toujours en croissance. Qu’importent les rodomontades du président des USA, ils se disent prêts à faire quelques efforts pour traverser l’Atlantique avec leurs cuvées. Ils veulent pouvoir aller les présenter eux-mêmes aux consommateurs. C’est plus qu’une simple réflexion. « Rencontrés dans un premier temps sur le bar éphémère du SGV, des Américains sont illico venus nous voir à la propriété et nous ont demandé si nous vendions nos vins dans leur pays. La dame nous a laissé sa carte et offert son aide, notamment pour exporter sur la Californie et le Wisconsin. On se dit qu’il faut se lancer », déclare Carole, décidée à faire le grand saut avec quelques atouts en bandoulière. « Nous participons depuis 4-5 ans à des concours internationaux tels que Decanter et IWC, avec de bons classements et des médailles d’argent à la clé. C’est une bonne porte d’entrée », assure-t-elle. Quand le marché hexagonal est en berne, il peut être judicieux d’aller conquérir d’autres marchés. L’Amérique est un rêve, mais le jeune couple a déjà quelques débouchés assurés dans plusieurs pays européens : « Nous vendons en Italie, Allemagne, Belgique, Suisse, Danemark ou encore en Suède. D’ailleurs nous voyons passer de plus en plus de Suédois ces derniers temps », remarque la jeune femme. C’est de bon augure. Elle dit par ailleurs apprécier la relation nouée avec un sommelier de République tchèque organisant régulièrement des voyages-découverte en Champagne pour ses compatriotes. Aurélien acquiesce : « Ceux qui viennent en bus remportent plus facilement des cartons de champagne avec eux. Les Canadiens ou les Australiens de passage, qui repartent en avion, emmènent tout au plus deux bouteilles… », constate le vigneron, convaincu par le discours des étrangers curieux et proactifs. Pour ceux-là, il conviendrait de mettre davantage à profit la dénomination Val d’Or accolée à Avenay depuis le printemps 1951 - et ce, afin de pouvoir distinguer la commune marnaise d’une autre localité située dans le Calvados. Avenay-Val-d’Or a la chance d’être positionnée au cœur du triangle Epernay-Reims-Châlons-en-Champagne, un triangle d’or, en effet. « A la jonction de la Montagne de Reims et de la Grande vallée de la Marne, nous jouissons d’une localisation intéressante et remarquons que les clients rencontrés sur le bar éphémère, par exemple, tiennent leur promesse en venant nous voir chez nous. Pas toujours à l’heure dite, mais ils viennent ! », sourit Carole, toujours prête à les accueillir et à faire de la pédagogie autour du champagne.Recherche
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