Regards croisés des présidents de l’UMC et du SGV :
« Un sens du bien commun »
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©Ph.Schilde
Coprésidents du Comité Champagne, le président de l’UMC Jean-Marie Barillère et le président du SGV Maxime Toubart, évoquent très spontanément ce qui leur vient à l’esprit quand on leur parle d’intelligence collective champenoise. Ils s’accordent à dire qu’ils veulent l’entretenir en se projetant dans l’avenir.
Un collectif au service de l’appellation
- « Au-delà des composantes que nous représentons, nous formons une collectivité qui doit travailler au service de l’appellation Champagne pour sa réussite. C’est une notion bien ancrée, comprise et admise de part et d’autre, tant côté vignerons que côté maisons. Je dis toujours qu’il vaut mieux partager une petite part d’un grand gâteau que repartir avec 100 % d’une miette… Plus nous sommes forts chacun dans notre domaine – ce qui est le cas – plus le rapport de force est équilibré. Il ne faut pas de maillon faible », assure le président de l’UMC.
- « Il y a plus d’intelligence dans plusieurs têtes que dans une seule, c’est une évidence, et nous avons cette chance au sein de notre interprofession de pouvoir proposer et confronter des idées. Nous travaillons dans une démarche constructive même si cela peut se heurter parfois aux intérêts individuels. Il faut les dépasser en nous appuyant sur les règles communes ayant été fixées et savoir évoluer aussi », constate le président du SGV.
Un objectif qualitatif partagé par les deux familles
- « Nous avons une totale conscience de l’aspect cyclique de la Champagne, l’histoire nous l’a enseigné, ce qui ne nous a pas empêchés de créer de la richesse au fil du temps, particulièrement au cours des dernières décennies. Cette progression, nous la devons à une vision commune, partagée autour d’un objectif qualitatif. A partir de là, nous avons une manière très cartésienne de répondre aux attentes sociétales et environnementales. Continuons de nous poser les bonnes questions, très franchement, sans tabous. Ainsi, nous pourrons innover et dessiner la Champagne de demain voire celle d’après-demain », insiste Jean-Marie Barillère.
- « Une des forces de la Champagne réside aussi dans sa capacité à se prendre en main pour avancer, à résoudre des problématiques précises sans attendre que la solution vienne d’un cabinet ministériel. L’exemple de la mise en place de la réserve individuelle, dite aussi réserve qualitative, est un bon exemple de réflexion-action mise en œuvre dans un passé assez récent, qui fait ses preuves et inspire d’autres vignobles. En travaillant toujours intelligemment, on doit pouvoir continuer à faire référence et à être suivi par d’autres, ce qui plutôt bon signe. Aujourd’hui, avec la même volonté de débattre, d’intégrer tous les ressentis, tous les avis pour tendre vers une solution partagée, nous ouvrons le dossier des vignes semi larges. La preuve que nous sommes en mouvement, pas figés dans nos schémas, dans nos certitudes », remarque Maxime Toubart.
Le rôle-clé du Comité Champagne
- « Le dialogue est poussé à son extrême entre les deux familles au sein du CIVC qui réalise un suivi économique très précis, fiable, indispensable pour prendre les meilleures décisions collectives. C’est très certainement le service qui va le plus loin en termes d’analyse des marchés et qui permet à la filière de se projeter en évitant de se tromper », selon Maxime Toubart.
-Pour Jean-Marie Barillère c’est aussi le lieu d’un « partage technique » où « une soixantaine de professionnels planchent sur des domaines très différents, de la protection juridique de l’appellation aux évolutions environnementales, etc., toujours dans une optique de satisfaction client. Loin de toute bagarre politique ou syndicale. Il y a ici un sens développé du bien commun. »
Propos recueillis par Philippe Schilde
Un dialogue permanent et utile avec les institutions
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©DR
- Ministres, élus nationaux et régionaux… Toutes les occasions de rencontres avec les décideurs sont bonnes pour partager la vision des acteurs de la filière et les inciter à découvrir la réalité champenoise sur le terrain. In vivo, in vino !
Il y a peu, Maxime Toubart a écrit au ministre de l’Agriculture, invitant Julien Denormandie à effectuer une visite en Champagne afin de prendre la pleine mesure d’une appellation qui a certes des revendications et n’hésite pas à les faire remonter, mais qui se place avant tout dans le dialogue avec les institutions. La crise Covid et la manière dont elle a été gérée en Champagne – peu coûteuse à l’Etat, comparé aux aides apportées à d’autres régions (lire ci-après) – pourrait, notamment, être un sujet abordé lors de cette rencontre avec les professionnels champenois. Ils sont toujours unis lorsqu’il faut faire passer des messages importants.
« Ce déplacement pourrait être l’occasion, au-delà de la présentation de notre filière et de son modèle original d’organisation, de mettre le projecteur sur d’autres thématiques qui nous sont chères : environnement, protection de l’appellation, régulation… », indique Maxime Toubart dans cette missive, faisant suite à une rencontre fin janvier à Châlons-en-Champagne où Julien Denormandie a formulé son désir de pouvoir venir.
Les sujets d’actualité qui impactent la filière sont en permanence évoqués par les responsables de l’interprofession champenoise avec les autorités et les parlementaires du territoire, mais aussi nationaux et européens. Ont dernièrement été portés à leur connaissance les risques de dérives induits par des propositions contenues dans le plan de lutte contre le cancer, dans le cadre du plan climat ou dans l’absence de reconnaissance d’équivalence entre les différentes certifications environnementales, notamment VDC et HVE. Entre autres. Un exemple de ce travail de fond a été donné avec la rencontre effectuée entre des professionnels champenois et un nouvel élu au Parlement.