Nous n’allons pas refaire l’histoire de la construction de l’édifice champenois et de sa réussite dans le monde du vin. Il faudrait plusieurs livres pour tenter d’y parvenir. Ce qui fait sa force, notamment en temps de crise, tient sans doute à cette forme d’intelligence collective lui ayant permis de croître de manière équilibrée et…
L’intelligence collective de la Champagne
Temps de lecture : 6 minutes
Le regard d’un professionnel du vin
Gérard Vinet, vigneron en Pays nantais, ex-président d’Interloire : « Une organisation qu’on aimerait voir dupliquée »
« De part mon expérience interprofessionnelle (Ndlr : président d’Interloire de 2013 à 2017) et de mon point de vue personnel de vigneron, je suis assez admiratif devant le modèle champenois, avec un syndicalisme de producteurs très fort qui est dans l’échange avec l’autre partie, le négoce. C’est une organisation bien rodée qu’on aimerait voir dupliquée dans d’autres régions viticoles, y compris dans la mienne d’ailleurs. Je suis persuadé qu’on apporte de la valorisation sur un produit quand la mise en marché est maîtrisée, quand les prix sont également maîtrisés. Les évolutions lentes donnent de la pérennité. La Champagne s’inscrit dans cette logique et elle possède un atout supplémentaire : la maîtrise de la qualité liée à ses conditions de production, de stockage et d’assemblage. Oui à la croissance… maîtrisée Le lissage est plus facile que dans les régions où le produit est rapidement mis sur le marché. Notre chance, avec le vin, est d’avoir un produit qui se conserve, qui peut vieillir contrairement à d’autres secteurs de production tel le maraichage. Nous pouvons avoir une politique de gestion des stocks, qui, certes peut paraître lourde sur le plan économique et du point de vue de la fiscalité - un problème à régler, très certainement -, mais qui s’avère payante dès lors qu’on obtient une régularité en termes de vente et de prix. Enfin, avec d’autres vignobles de l’Hexagone, la Champagne s’est battue pour le maintien des autorisations de plantation au-delà de 2030 alors que l’Europe cherche à libéraliser. Comme ses dirigeants je pense que si tout le monde à droit à la croissance, il faut qu’elle soit maîtrisée, qu’elle ne vienne pas à court terme ou à long terme perturber les volumes mis sur le marché. Il faut préserver les systèmes vertueux et la Champagne l’a bien compris. »Regards croisés des présidents de l’UMC et du SGV : « Un sens du bien commun »
Propos recueillis par Philippe Schilde
Un dialogue permanent et utile avec les institutions
- Ministres, élus nationaux et régionaux… Toutes les occasions de rencontres avec les décideurs sont bonnes pour partager la vision des acteurs de la filière et les inciter à découvrir la réalité champenoise sur le terrain. In vivo, in vino !
Il y a peu, Maxime Toubart a écrit au ministre de l’Agriculture, invitant Julien Denormandie à effectuer une visite en Champagne afin de prendre la pleine mesure d’une appellation qui a certes des revendications et n’hésite pas à les faire remonter, mais qui se place avant tout dans le dialogue avec les institutions. La crise Covid et la manière dont elle a été gérée en Champagne – peu coûteuse à l’Etat, comparé aux aides apportées à d’autres régions (lire ci-après) – pourrait, notamment, être un sujet abordé lors de cette rencontre avec les professionnels champenois. Ils sont toujours unis lorsqu’il faut faire passer des messages importants.
« Ce déplacement pourrait être l’occasion, au-delà de la présentation de notre filière et de son modèle original d’organisation, de mettre le projecteur sur d’autres thématiques qui nous sont chères : environnement, protection de l’appellation, régulation… », indique Maxime Toubart dans cette missive, faisant suite à une rencontre fin janvier à Châlons-en-Champagne où Julien Denormandie a formulé son désir de pouvoir venir.
Les sujets d’actualité qui impactent la filière sont en permanence évoqués par les responsables de l’interprofession champenoise avec les autorités et les parlementaires du territoire, mais aussi nationaux et européens. Ont dernièrement été portés à leur connaissance les risques de dérives induits par des propositions contenues dans le plan de lutte contre le cancer, dans le cadre du plan climat ou dans l’absence de reconnaissance d’équivalence entre les différentes certifications environnementales, notamment VDC et HVE. Entre autres. Un exemple de ce travail de fond a été donné avec la rencontre effectuée entre des professionnels champenois et un nouvel élu au Parlement.
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