Comme le veut la tradition, c’est le secrétaire général du SGV Damien Champy qui a donné le rythme de l’assemblée générale du 24 avril, en compagnie du président Maxime Toubart, de la directrice générale Estelle Thibaut, avec l’appui des élus du conseil d’administration et de plusieurs collaborateurs du Syndicat.
L’année écoulée a été riche en actualités, tant pour la filière qu’à l’échelle mondiale, ce qui a enrichi le programme d’autant de sujets à relater. Les sujets de préoccupation du monde vigneron tels que la campagne viticole, le fonctionnement de l’ODG, et la commercialisation ont été mis en lumière, tout comme la politique et l’économie, dont le SGV reste un rouage essentiel à plusieurs niveaux.
L’actualité champenoise, c’est aussi le dixième anniversaire de l’inscription Unesco : au travers de plus de 45 événements, les Champenois ont l’occasion de souffler cette bougie symbolique tout au long de l’année, et le point d’orgue sera la grande célébration du 4 juillet à Champillon. Rendez-vous dès 18 heures pour une nuit de célébrations, ponctuée par un spectacle son et lumière inédit au cœur des vignes.
Bienvenue aux « unions » locales
En amont de l’assemblée générale traditionnelle, une évolution des statuts a été proposée au vote, visant à conférer davantage d’autonomie aux sections locales. Emmanuel Mannoury, rapporteur de la commission vie syndicale, souligne que « c’est un sujet qui nous occupe pleinement depuis un an. »
Par la transformation des sections en « unions locales », « notre premier enjeu est celui de la sécurisation », appuie l’élu. « Pour cela, il faut permettre aux sections locales de se mettre en conformité avec la législation », par exemple dans les relations avec les banques et les assurances.
« En se dotant de statuts qui leur confèrent la personnalité juridique, elles pourront exercer leur activité sans risque. Le deuxième enjeu est celui de nous adapter aux besoins des sections d’être plus autonomes dans leur fonctionnement, leurs projets, mais évidemment en conservant un lien politique fort avec le syndicat. »
Si, concrètement, les unions locales vont se doter de « statuts de syndicats » – assortis d’un règlement intérieur, ce qui leur conférera une personnalité morale et leur permettra de mener à bien leurs projets locaux avec davantage d’autonomie –, il n’y aura « pas de changement dans le quotidien », assure Emmanuel Mannoury. Ni la taille de ces unions, ni le nombre de délégués et leur désignation ne changeront, tout comme leur lien avec le SGV.
Flavescence dorée : poursuivre l’effort collectif
Le SGV ne compte pas relâcher la pression en matière de flavescence dorée. Pour David Gaudinat, élu référent du SGV sur ce sujet, « nous devons absolument nous mobiliser pour organiser la lutte, comme nos aïeux se sont mobilisés pour lutter avec succès contre le phylloxéra. »
Anaëlle Comestaz, chargée d’étude ODG, rappelle quant à elle que les solutions collectives « commencent par la détection massive et rapide des pieds contaminés. »
En 2024, 12 200 ha ont été surveillés de façon collective, dont 8 200 ha de façon volontaire. Cette campagne de prospection représente 206 demi-journées de surveillance, pour une couverture partielle de 262 communes. Cela a notamment permis de prendre conscience qu’en l’espace d’un an, le variant M54, le plus épidémique pour ce qui est de la flavescence dorée, s’est propagé de 9 à 23 communes.
Malheureusement, ce volume reste insuffisant, car « 39 communes de notre AOC restent des zones blanches. Au vu de la progression du variant le plus épidémique, le M54, on ne peut pas se permettre de laisser une parcelle plus de deux ans sans surveillance », recommande David Gaudinat. D’autant que « si un pied passe à la trappe, c’est dix fois plus l’année suivante, 100 fois plus l’année d’après et en quatre ans, si rien n’est fait, ce sont des centaines d’hectares qui risquent de disparaître. »
Autant de motifs qui expliquent pourquoi, en 2025, les prospections collectives deviennent obligatoires pour l’ensemble des communes de l’AOC.
Les communes contaminées, qui entrent en zone délimitée sous autorité préfectorale, requièrent des mesures de lutte poussées : surveillance de l’ensemble des surfaces chaque année, arrachage systématique de tous les pieds marqués « jaunisse » et traitement insecticide. « Ces mesures nous permettent de limiter l’expansion, mais notre volonté, c’est que cette situation ne se reproduise pas ailleurs », précise David Gaudinat.
Il n’existe pas de solution alternative à la prospection collective, souligne-t-il également : « En l’état, seul l’œil humain, pour peu qu’il soit bien formé, est efficace pour ce travail. » Et pour que chacun soit bien formé afin d’identifier correctement les symptômes causés par la flavescence dorée, le SGV met à disposition de ses adhérents des supports pour faciliter le diagnostic.
En partenariat avec le Comité Champagne et les Chambres d’agriculture, des modules de formation en ligne vont aussi être mis en place cette année.
Toujours « Ensemble pour les vendanges en Champagne »
Le SGV, en lien avec de nombreux acteurs professionnels et organismes institutionnels, a longuement travaillé sur plusieurs sujets relatifs à l’emploi de main-d’œuvre au vignoble : la santé et la sécurité des travailleurs, la sécurisation de la prestation de services, l’hébergement collectif et le recrutement.
Ces sujets ont été identifiés comme prioritaires dès la fin des vendanges 2023, rappelle Ophélie Lapie-Lamiable, administratrice du SGV.
La vendange 2024 a été marquée par des partenariats plus nombreux et renforcés, ce qui a par exemple permis d’éditer des guides et fiches pratiques en plusieurs langues, de former plus de 500 personnes aux gestes qui sauvent, ou encore de créer des conditions de recrutement plus attractives pour les étudiants, les candidats locaux, ou les bénéficiaires du RSA.
Le SGV met un accent particulier sur les relations avec des vignerons avec leurs prestataires : « Le recours à la prestation de services, ce n’est pas déléguer sa vendange sans se soucier de rien », insiste Ophélie Lapie-Lamiable.
La création d’une section viticole au sein du Syndicat des Entrepreneurs du Territoire « favorise le dialogue avec la filière » grâce à cette nouvelle représentation, et permet d’harmoniser les messages de prévention et de vigilance.
Si les prestataires sont de plus en plus largement référencés dans la plateforme Vitiargos, outil de sécurisation des relations entre donneurs d’ordre et prestataires créé par la filière champagne, les vignerons peuvent également y évaluer leurs pratiques, afin que le plus grand nombre d’acteurs de la vendange puissent tendre vers les standards sociaux définis par la filière.
Les relations avec les services de l’État ont également joué un rôle majeur dans la sécurisation de la vendange 2024 grâce à la création d’une cellule de veille quotidienne, qui a permis d’obtenir « des remontées d’information du terrain au jour le jour pour détecter les situations à risque et réagir le plus vite possible en cas de difficulté ».
« Un nombre très important d’agents de contrôle ont été mobilisés, notamment dans la Marne. Cela a permis de réagir dans les plus brefs délais dès qu’une situation était susceptible de nuire à la sécurité des vendangeurs », note Ophélie Lapie-Lamiable.
Quatre procédures de fermetures administratives ont été entreprises cette année, « c’est évidemment quatre de trop, mais la multiplication des contrôles a permis de détecter ces cas et d’y mettre fin rapidement », relève l’administratrice du SGV.
Et la vendange 2025 se prépare dès maintenant, avec la poursuite du plan Ensemble pour les vendanges en Champagne. Dès à présent, les actions individuelles sont fortement encouragées par le SGV.
Formation des exploitants et des salariés aux gestes qui sauvent, préparation d’offres d’emploi destinées à l’université ou aux grandes écoles, réhabilitation d’un vendangeoir, autodiagnostic sur VitiArgos… Les pistes d’amélioration sont légion.