Baulne-en-Brie célèbre le passé pour écrire l’avenir

Au sud de l’Aisne, Baulne-en-Brie, l’une des trois communes historiques de Vallées-en-Champagne, promet des escapades dépaysantes à travers son vignoble, son patrimoine et ses sites mémoriels. Ici, on fait (re)vivre le passé pour construire l’avenir sur de bonnes bases.

Temps de lecture : 4 minutes

Auteur : Sarah Legrand

De gauche à droite, Romain Destouches, Bruno Lahouati et Marcel Dartinet.

Ne l’appelez plus Baulne-en-Brie, mais Vallées-en-Champagne ! Ses ambassadeurs y tiennent, d’autant que le cheminement pour acter cette nouvelle appellation, en 2016, a été long et fastidieux. « Nous avions également proposé “Plaisirs-en-Champagne” à l’époque, sourit Bruno Lahouati, élu municipal dès 1995, maire depuis 2008. Ça n’a pas été retenu lors de la concertation avec les habitants. »

Vallées-en-Champagne unit donc Baulne-en-Brie à La Chapelle-Monthodon et Saint-Agnan pour former un territoire de 42 km2 composé d’une trentaine de hameaux. « Pour l’anecdote, il a fallu changer certains noms de rues afin d’éviter les doublons. Ça a été un sacré défi et aujourd’hui encore, Google ne nous facilite pas la tâche ! Nous sommes parmi les premiers vignobles sur la Route du Champagne depuis Paris. L’un des enjeux, c’est de créer du lien entre l’Aisne et la Marne. » L’association de la Vallée du Surmelin, rivière traversant ces deux départements, y contribue. Elle valorise les quinze villages qu’elle sillonne, grâce à des sentiers de randonnée et au théâtre itinérant.

La section viticole du SGV de Baulne-en-Brie s’est naturellement élargie aux communes historiques de Vallées-en-Champagne. « Nos trois vignobles s’étendent sur environ 240 hectares et comptent plus de 70 viticulteurs, précise son président, Romain Destouches. Beaucoup ont le statut de double actif. » Les vignes, haut lieu du Meunier, cohabitent avec les forêts et les plaines céréalières. « L’élevage est aussi très présent. » Il n’est pas rare, en arpentant la vallée, de croiser des chevaux et des vaches qui offrent de jolies cartes postales aux promeneurs.

 

Un bassin de rétention en projet

Si la politique d’enherbement des parcelles développée ces dernières années fait son œuvre en matière de préservation des sols, elle aide également à limiter le ruissellement des eaux, fréquent par ici.
« Les orages et les coulées de boue ont souvent impacté le secteur, rappelle Bruno Lahouati. Les vignerons ont bien compris la problématique ; on a pu travailler de concert sur ce sujet. Le projet de création d’un bassin de rétention d’eau avance. »

Près d’un million d’euros y seront consacrés, pour un lancement des travaux espéré à l’horizon 2027.

 

Patrimoine ancien et équipements d’aujourd’hui

Baulne-en-Brie peut se targuer d’avoir une population relativement jeune, un comité des fêtes dynamique et un vivier associatif dense. Sans oublier ses équipements de sports et de loisirs, prisés des habitants. « L’aménagement du terrain de pétanque s’est achevé en début d’année. Il complète le court de tennis restauré l’an dernier et l’aire de jeux. Tout le monde peut accéder librement à ces lieux de vie », illustre Marcel Dartinet, premier adjoint au maire, lui-même bouliste.

Le lavoir d’époque propose une bibliothèque partagée, tandis qu’un sentier baptisé « Venelle des écoliers » sécurise le trajet des enfants jusqu’à l’arrêt de bus. « On peut franchir le Surmelin grâce à cette passerelle, guident les élus municipaux. C’est une balade appréciée des petits comme des grands. »

 

Un sentier mémoriel en hommage aux soldats

Au gré des rues, les bâtisses en pierre se révèlent et témoignent du passé. « Bon nombre de châteaux et de fermes fortifiées ont été détruits dès 1914, explique le premier édile. On a payé un lourd tribut à la guerre. » Tant sur le plan patrimonial qu’humain.

Les initiatives pour rendre hommage aux hommes tombés durant les deux conflits mondiaux sont légion de part et d’autre des villages historiques. « Ce monument honore 13 soldats morts en 1942 alors qu’ils défendaient le pont de La Chapelle-Monthodon face aux forces allemandes. Et ce chemin mémoriel retrace les batailles de 1914-1918 sur les anciens villages. Il comporte lui aussi les noms, lorsqu’ils sont connus, de tous ces soldats sacrifiés. Y compris les Allemands. On voit régulièrement des jeunes se recueillir ici, en souvenir de leurs ancêtres. »

En novembre 2018, Saint-Agnan inaugurait son premier monument aux morts. L’édifice s’agrémente de trois reproductions colorées des œuvres du peintre local Maurice Rondeaux, représentant des scènes de guerre et des civils pleurant leurs proches défunts.

 

Déportation : écrire pour ne pas oublier

À Baulne, plusieurs emblèmes célèbrent également les victimes de la guerre : une plaque en hommage aux soldats de la quatrième génération du feu, missionnés sur les opérations menées après la guerre d’Algérie, ainsi qu’un « mur de mémoire vivante » dédié à tous les déportés de l’ancien canton de Condé-en-Brie.

Il se compose d’obélisques symbolisant les quatre points cardinaux et l’ouverture à l’autre, entourant un hêtre pleureur, synonyme de connaissance et de sagesse. « Un pays qui oublie son histoire est un pays sans avenir, glisse Bruno Lahouati. On mène des projets pédagogiques avec les scolaires pour les sensibiliser. »

Enfants et adultes sont invités à écrire des textes au fil des saisons pour ajouter leur pierre à cette mémoire collective et faire vivre le lieu.

 

Daniel Beaucreux, enfant du village, mort à Dora

Avec une pensée toute particulière pour Daniel Beaucreux, enfant du village, figure de la Résistance, interné à Buchenwald en 1943 et déporté à Dora l’année suivante, où il s’éteindra.

Une place porte son nom et une plaque est apposée sur sa maison natale. Commémorer pour ne pas oublier et faire en sorte que les atrocités du passé ne se répètent pas.

La porte de la prison de la Petite Roquette, restaurée avec les lycéens de Château-Thierry.

La porte de la Petite Roquette, ode à la liberté

Elle mesure quatre mètres de haut sur trois de large et s’impose comme un emblème à Baulne-en-Brie. Une porte de la prison de la Petite Roquette, édifiée à Paris en 1836, aurait été récupérée par l’un de ses anciens détenus lors de la démolition de l’établissement pénitentiaire, vers 1900, puis acheminée jusqu’à une propriété privée du village.

Le conseil municipal a fait l’acquisition de cette porte en 2011 et confié sa restauration aux élèves menuisiers du lycée professionnel Jules-Verne, à Château-Thierry.

Désormais visible près de l’Auberge de l’Omois, elle s’accompagne d’un guide audio dont les textes, enregistrés avec les jeunes, content sa légende en plusieurs langues.

 

Une vigilance accrue contre la flavescence dorée

Deux tiers du vignoble de Vallées-en-Champagne ont d’ores et déjà été prospectés contre la flavescence dorée.

« Nous sommes à la fois attentifs et inquiets, concède Romain Destouches, le président de la section locale. On le sait, certaines vignes sont dans le rouge aux alentours, notamment du côté de Dormans et Trélou-sur-Marne. On sait aussi que les vents dominants peuvent favoriser la propagation de la maladie. D’où l’importance de rester vigilants et très actifs sur cette question. »

L’église Saint-Barthélemy et son plafond en bois, l’un des derniers en Europe.

L’église Saint-Barthélemy et son remarquable toit en bois

Construite aux XIIe et XIIIe siècles, l’église Saint-Barthélemy de Baulne-en-Brie a été classée au titre des Monuments historiques en 1920. Sa particularité architecturale : elle possède l’un des derniers plafonds en bois encaissés à lattes d’Europe.

La municipalité a entrepris la rénovation de son choeur en 2024 et envisage de restaurer son toit.

Un ancien corbillard trouvé en l’édifice se contemple toujours sur place.

 

 

 

L’Auberge de l’Omois cherche repreneur

Aménagée dans l’ancienne épicerie du village, l’Auberge de l’Omois se dote, en plus d’un restaurant, de sept chambres labellisées « Logis de France » pour des haltes bien méritées entre deux randonnées.

« L’établissement est en recherche active d’un repreneur, précise le maire, Bruno Lahouati. Plus globalement, à l’échelle de la communauté de communes, on manque d’hébergements avec des capacités d’accueil suffisamment importantes pour les groupes et les séjours des tour-opérateurs. »

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