Le vignoble fortement concerné

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Les prochaines élections municipales se dérouleront les 15 et 22 mars 2020. Tous les 6 ans, les conseillers municipaux doivent être renouvelés. Ces élections présentent de nombreux enjeux. Pour le vignoble, quels sont-ils ? Le conseil municipal est le lieu de discussions et de débat, chargé de traiter les affaires communales. Il a des obligations et…

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Vignerons et conseillers municipaux : « Pour défendre l’intérêt de notre vignoble au niveau local »

Le SGV a interrogé deux vignerons qui s’investissent dans leur conseil municipal, Murièle Marchand et Guillaume Guerre.

Présentez-vous. Depuis combien de temps êtes-vous au conseil municipal et quelle est votre mission ?

GG : Je m’appelle Guillaume Guerre, je suis vigneron à Venteuil, installé depuis 2010 sur l’exploitation familiale. Depuis toujours, j’aime m’investir pour la vie locale et le dynamisme du village. En 2014, je me suis dit qu’il serait intéressant d’intégrer le conseil municipal, j’ai été encouragé par le maire donc je me suis lancé. J’ai été élu, depuis, je suis deuxième adjoint. C’est une charge qui mobilise beaucoup de temps et d’énergie. Il faut donc une équipe qui fonctionne, qui échange et qui s’active car sinon, on est vite submergé par la quantité de travail et de dossiers à gérer. La clef : une bonne communication, la capacité de travailler ensemble, de faire jouer le collectif. MM : Viticultrice à Gland depuis 1983, j’ai intégré le conseil municipal en 2014 lors du mandat précédent. La commune de Gland représente environ 500 habitants dont une vingtaine de viticulteurs pour 147 hectares de vignes. J’ai pris ce poste de conseillère municipale pour deux raisons, d’une part pour comprendre le fonctionnement interne de la commune et d’autre part pour remplacer les vignerons qui quittaient le conseil municipal. Le maire de la commune est très à l’écoute des viticulteurs et il a souhaité avoir dans son conseil des vignerons pour représenter la filière viticole. Pour le prochain mandat, il reste important de conserver des élus vignerons, particulièrement dans notre cas puisque le maire en place, attentif aux problématiques de notre filière, quitte ses fonctions. Je suis également présidente de section de ma commune, ce qui me permet de faire facilement le relais auprès des vignerons et de les solliciter sur les projets de la commune.

Quel intérêt y trouvez-vous ? Quel lien avec le vignoble ?

GG : L’intérêt d’être membre du conseil municipal est de maîtriser son terroir et de pouvoir piloter les actions locales. Cela est d’autant plus vrai lorsqu’on représente son village et ses spécificités dans les instances supérieures telles que les communautés de commune ou le département. Avoir cette casquette de conseiller municipal implique également de représenter le vignoble. Dans notre conseil, on est 95 % de vignerons donc les choses se passent bien et tous les échanges et les projets se font avec concertation du monde viticole. Nous avons de la chance, mais ce n’est pas le cas partout, d’autres communes viticoles ont des fonctionnements différents. Nos pratiques ne sont ni généralisées ni automatiques. C’est pourquoi nous devons rester vigilants pour les préserver. MM : L’objectif d’être au conseil municipal, dans mon cas, est de ne pas laisser la place vide pour représenter les vignerons de la commune. Être présente au conseil permet de participer au débat et de défendre en amont les projets pouvant impacter le vignoble, plutôt que de subir des décisions. La commune a déjà réalisé les aménagements hydrauliques nécessaires, une association foncière est constituée depuis plus de 30 ans : cela fonctionne très bien à ce jour. Être au conseil permet également de garantir le bon suivi de ces projets. Les besoins sont réciproques car d’un côté je porte les arguments des vignerons auprès du maire et d’un autre les vignerons sont tous acteurs de la commune, par exemple pour déneiger la route ou installer les décorations de Noël pour la fin d’année.

Quel dossier stratégique nécessite que le vignoble soit représenté au conseil municipal ?

MM : Deux sujets me semblent évidents : les chartes riverains et les aménagements hydrauliques. Une charte a été signée, qui répond aux exigences actuelles, mais à l’avenir on pourra imaginer d’autres points à intégrer aux chartes en fonction des progrès techniques et qui permettront de répondre encore mieux aux riverains. De manière générale, il est très important de rester en veille et de ne pas ignorer les revendications des riverains, on doit être dans le dialogue et à leur écoute par avance. La mairie est le lieu de discussion et d’échange entre le vigneron et le riverain. GG : J’ajouterai que le monde rural est essentiel dans nos communes, il offre de la valeur ajoutée en de nombreuses matières, le budget, la fiscalité ou encore l’environnement. Nous sommes un atout économique et culturel dans notre région, pour cela, nous devons avoir notre mot à dire. Par exemple, pour les documents d’urbanisme, si on n’est pas dans le maillage et dans la commune, on passe à côté, il faut être présent et maitriser ces dossiers qui ont un impact sur la vie locale et sur le vignoble.

S’il y avait un argument pour convaincre les vignerons de s’investir dans leur conseil municipal, lequel serait-il ?

MM : Être acteur dans notre commune et de notre filière. Pourquoi ? Ne pas se laisser imposer des décisions, mais prendre part à ces décisions en faisant valoir la position des vignerons et faire de la pédagogie sur notre métier auprès des autres habitants. Il faut aussi dire que ma place au sein du conseil municipal n’est pas trop consommatrice de temps. Il ne faut pas s’arrêter à cette excuse pour ne pas y aller. GG : Il faut rester maitre de son terroir et de son territoire car c’est là où l’on vit, où l’on exploite, où l’on est tous les jours. A travers nos communes, on représente la Champagne. C’est encore plus important dans des communes historiquement viticoles. Mon grand-père avait coutume de dire qu’il ne faut pas être un maire pour les vignerons mais un maire vigneron. Pour moi il avait tout compris, nous avons pour mission de défendre l’intérêt de notre vignoble au niveau local tout en faisant preuve d’ouverture et sans être égocentrique.

Elise Le Henaff et Barbara Le Guillou, SGV

Elections municipales : mode d’emploi

Les candidats à l’élection municipale doivent déposer leur candidature pour le premier tour auprès de la préfecture au plus tard le 27 février 2020. Pour le second tour, les déclarations de candidature seront à déposer à partir du lundi 16 mars et jusqu’au mardi 17 mars 2020 à 18 heures. Une petite distinction selon la taille de la commune : les candidats au premier tour n’ont pas besoin de déposer de nouveau leur candidature pour un éventuel second tour en ce qui concerne les communes de moins de 1000 habitants ; tandis que pour les communes de plus de 1000 habitants, il est nécessaire de déposer sa candidature pour chacun des tours. Pour pouvoir voter, un électeur doit avoir au moins 18 ans, être de nationalité française ou d’un pays membre de l’Union européenne, être inscrit sur les listes électorales, puis jouir de ses droits civils et politiques. Pour être éligible en qualité de conseiller municipal, il faut remplir 5 conditions :
  • Être français ou ressortissant de l’Union européenne,
  • Avoir 18 ans révolus au jour du scrutin,
  • Avoir satisfait aux obligations militaires,
  • Être électeur de la commune ou inscrit au rôle des contributions directes de la commune ou justifier devoir y être inscrit au 1er janvier 2020,
  • Être candidat dans une seule circonscription électorale.
L’élection des conseillers municipaux a lieu au suffrage universel direct. Le conseil municipal élit ensuite le maire de la commune. Le mode de scrutin diffère en fonction de la taille de la commune. En effet, pour les communes de plus de 1000 habitants, il s’agit d’un scrutin proportionnel de listes à deux tours avec prime majoritaire. En ce qui concerne les communes de moins de 1000 habitants, le scrutin est majoritaire plurinominal, à deux tours. Par ailleurs, des membres du conseil municipal peuvent être désignés ou élus (selon le nombre d’habitants de la commune) pour siéger dans les conseils communautaires. Les conseillers communautaires représentent les communes au sein des organes délibérants des établissements publics de coopération intercommunale (EPCI).

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