Marquis de Pomereuil, du nom du pire seigneur du village…
Quand les membres de la Cave coopérative ont décidé de commercialiser leurs propres bouteilles, il a fallu trouver un nom plus vendeur que celui de « Cave Coop… » à imprimer sur l’étiquette. Pas vraiment sexy, de l’avis de Christian Jojot, prompt à narrer une histoire un tantinet croquignolesque, puisque les héritiers d’une entreprise fondée par des gens de gauche – disons-le franchement – ont fait appel à un… aristocrate dans l’espoir de donner un maximum de prestige à leurs flacons.
« C’était dans les années 1970, et l’idée a d’abord été émise de baptiser notre champagne Marquis de Pomereu, en référence à un certain Jean-Baptiste de Pomereu, marquis des Riceys. Ce seigneur ayant vécu — et sévi ! — ici au XVIIIe siècle avait pourtant compté parmi les pires emmerdeurs que la population ricetonne a connus sous l’Ancien Régime. Un comble ! », s’esclaffe l’ex-président du conseil d’administration de l’Union Auboise.
Las, pour les hérauts de cette pompeuse marque Marquis de Pomereu, leur choix a été très rapidement contesté par une grande maison champenoise, Pommery, qui y voyait une fâcheuse proximité avec son propre nom. « Il fallait surmonter cet écueil et finalement les coopérateurs ont opté pour Marquis de Pomereuil, un nom qui sonne mieux tout compte fait, et totalement incognito celui-là. Depuis, la marque a gagné ses lettres de noblesse sur la scène champenoise et elle est toujours bien présente aujourd’hui », se réjouit Christian Jojot, visiblement guère tiraillé entre les origines modestes d’une coop née dans une vinée il y a 101 ans et le joli patronyme à particule qu’elle véhicule.