Le joyeux champagne Henriet-Bazin

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Les champagnes de vignerons reflètent souvent la personnalité de ceux qui les élaborent. A Villers-Marmery, au nord-est de la Montagne de Reims, Marie-Noëlle et Nicolas Rainon (champagne Henriet-Bazin) produisent des cuvées à leur image, joyeuses et épicuriennes. Un résultat qui n’en exige pas moins un sérieux travail, pour que le champagne soit en toutes circonstances…

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La passion de l’échange… et du chardonnay

Marie-Noëlle attache une grande importante à l’échange. "Nous sommes généralement seuls sur nos exploitations : il nous faut lever la tête de temps en temps." Voilà pourquoi elle a fait partie, pendant une dizaine d’années, du Groupe des jeunes vignerons de la Champagne, dont elle a d’ailleurs été vice-présidente. Elle a également constitué un groupe commercial avec des vignerons issus d’autres appellations que la Champagne : "C’est absolument génial ! On voit les différentes façons de travailler de chacun. On voit comment les autres - les viticulteurs du sud de la France, surtout - abordent la question du réchauffement climatique. Il faut se préparer à remettre en question nos modes de vinification. Et le travail du sol, tenez ! En Champagne, on y revient. Dans d’autres vignobles, cela n’a jamais cessé. Et puis c’est aussi un moyen de toucher du doigt la réalité économique des autres régions viticoles. On se rend compte de la chance que nous avons de disposer du nom champagne. Alors arrêtons de nous plaindre !". Avec ce groupe commercial, Marie-Noëlle participe aux salons Vinovision à Paris et ProWein à Düsseldorf. Elle a aussi intégré le groupe Passion Chardonnay, créé voici cinq ans. "Nous sommes une dizaine de membres qui ne présentons que des blancs de blancs issus de quasiment tous les terroirs de l’appellation, sans aucune notion de concurrence entre nous. Nous participons ainsi au Printemps des champagnes, ce qui nous permet de rencontrer de nouveaux clients." Enfin, pour faire bonne mesure, Marie-Noëlle est conseillère municipale à Villers-Marmery. Encore une façon de "s’enrichir des rencontres avec les autres".

De l’étiquette au Grand-Bi

Portrait de Marie Noelle et Nicolas Rainon du Champagne Henriet Bazin couple de vigneron a Villers Marmery dans la MarneLes étiquettes des cuvées Henriet-Bazin, Nicolas s’en charge. Et Marie-Noëlle assure la critique, constructive. Sauf que pour habiller les trois nouvelles cuvées millésimées, Nicolas - qui n’est tout de même pas designer - calait un peu. "Il manquait une partie ‘affect’ que je n’arrivais pas à donner." Contact est pris avec une agence de communication hors Champagne qui les rencontre, accepte (sic !) de travailler avec eux, et vient à Villers-Marmery s’imprégner de leur environnement. Cela donnera des étiquettes "avec vélo" - c’est l’une des passions de Nicolas -, offrant ce côté vintage qu’ils affectionnent, tout en conservant un graphisme élégant et joyeux. Ces trois nouvelles étiquettes figurent donc sur les cuvées commercialisées depuis juin. Elles portent toutes un message que Marie-Noëlle se fait un plaisir d’expliquer aux clients. Sur l’une d’elle, l’agence a placé un grand-bi, ce vélo des années 1870-1880 avec une roue avant d’un très grand diamètre et une petite roue arrière. Nicolas se dit bientôt : "Il m’en faut un !". Ne trouvant pas son bonheur dans l’antiquité, il déniche un artisan tchèque spécialiste de la restauration et de la fabrication de ce type d’engin, qui en réalise un spécialement pour lui. Voilà, résumée, l’histoire du magnifique grand-bi que l’on peut admirer dans l’espace commercial du Champagne Henriet-Bazin.
<h3><strong>Naissance et développement d’une marque</strong></h3> <img class="wp-image-17231 alignright" src="http://www.lachampagneviticole.fr/wp-content/uploads/2018/07/henriet-bazin-21-200x300.jpg" alt="Portrait de Marie Noelle et Nicolas Rainon du Champagne Henriet Bazin couple de vigneron a Villers Marmery dans la Marne" width="228" height="342" />Alors que bien des vignerons se demandent aujourd’hui si leur intérêt ne serait pas de vendre leur raisin au négoce, la préoccupation était plutôt inverse, en 1890, la grande majorité de la production étant achetée par les grandes Maisons. C’est à cette époque que Gaston Henriet (arrière-grand-père de Marie-Noëlle Rainon) et deux de ses amis vignerons décident de conserver une partie de leurs raisins et de se lancer dans la vinification. Naissance d’une marque : le Champagne Henriet. Attachée à son histoire familiale, Marie-Noëlle a conservé des exemplaires des premières étiquettes habillant les bouteilles de son arrière-grand-père. Fils de Gaston, Robert développera la commercialisation à partir des années 30. Au tout début des années 60, Daniel, le père de Marie-Noëlle, poursuit la production du champagne Henriet. Puis, épousant Micheline Bazin en 1968, il crée la marque Henriet-Bazin, et installe un pressoir et une cuverie à Villers-Marmery. A partir de 1991, Marie-Noëlle convainc son père de vinifier la totalité de la production et développe l’export. Aujourd’hui la Maison Henriet-Bazin élabore annuellement quelque 60 000 bouteilles, vendues pour moitié en France et pour moitié à l’export, dans 17 pays. L’orientation vers la culture biologique, chronophage, et le vieillissement de la clientèle domestique, incitent Marie-Noëlle et Nicolas à accroître leurs efforts vers le grand export (USA, Australie, Japon), pour travailler avec des professionnels à même d’offrir des débouchés plus importants.

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