L’innovation variétale en Champagne, une question d’avenir

Face aux exigences environnementales et aux conséquences de plus en plus palpables du changement climatique, la Champagne s’est engagée dans les programmes Inrae-ResDur et CepInnov afin de créer de nouvelles variétés naturellement résistantes aux maladies cryptogamiques.

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Auteur : Alain Julien

La viticulture moderne est soumise à deux contraintes majeures : répondre à la demande sociétale de réduction des intrants, et adapter ses pratiques culturales aux nouvelles donnes du climat.

La lutte contre le mildiou et l’oïdium, principalement conventionnelle, place la viticulture au deuxième rang pour l’utilisation des produits phyto derrière les céréales.

La pression des consommateurs comme des directives nationales et européennes impose une réflexion sur des pratiques plus durables, tout en préservant autant que possible l’économie de la filière.

Par ailleurs, les aléas climatiques de plus en plus violents et l’augmentation des températures menacent directement la qualité du vignoble et des vins, notamment par une baisse de l’acidité.

Dans ce contexte, la création de variétés résistantes et adaptées aux contraintes climatiques constitue une avancée majeure pour répondre aux enjeux d’avenir de la viticulture.

En Champagne, la question environnementale est au cœur des réflexions viticoles depuis plusieurs décennies, avec des dispositifs exemplaires de réduction des intrants et de son empreinte carbone.

C’est en toute cohérence que la filière champenoise a adhéré au programme de création variétale de l’Inrae jusqu’à être la première AOC à inscrire une variété résistante à son cahier des charges.

 

Alain Julien, avec le Comité Champagne

Histoire de résistance

Au XIXe siècle, l’arrivée en Europe de maladies venues d’Amérique du Nord comme l’oïdium, le mildiou, le black rot, ou le phylloxéra incitent les agronomes à opérer des croisements entre des plants américains naturellement résistants et des Vitis vinifera pour obtenir des hybrides producteurs directs, moins sensibles. Ces variétés hybrides, qui occupaient près de 30 % de l’encépagement français dans la première partie du XXe siècle, sont finalement interdites en 1951 en raison de la qualité médiocre de leurs vins.

Pour la lutte contre le phylloxéra, on privilégiera le greffage des Vitis vinifera sur des porte-greffes américains résistants, « premier exemple d’une lutte génétique et biologique couronnée de succès contre un parasite des cultures », selon l’Institut français de la vigne et du vin (IFV).

À partir des années 1970, le chercheur Alain Bouquet travaille à incorporer à la vigne européenne des facteurs de résistance de Vitis rotundifolia, originaire du sud-est des États-Unis pour aboutir après 25 ans aux variétés monogéniques baptisées « Bouquet », portant un gène de résistance au mildiou (Rpv1) et un gène de résistance à l’oïdium (Run1) que l’on retrouve dans le Voltis.

En 2000, l’Inrae lance le programme national ResDur à partir des travaux d’Alain Bouquet pour créer de nouvelles variétés intégrant plusieurs gènes de résistance aux maladies cryptogamiques tout en conservant les qualités des standards de la viticulture française.

En 2014, la Champagne et la Bourgogne développent le programme CepInnov en partenariat avec l’Inrae et l’IFV qui vise à la création de variétés résistantes adaptées aux typicités des deux régions viticoles qui partagent plusieurs cépages.

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