Nouvelles règles pour l’étiquetage des vins

À partir du 8 décembre 2023, tous les producteurs de vins et spiritueux d’Europe seront dans l’obligation d’informer les consommateurs sur les ingrédients et les calories contenus dans leurs produits.

Temps de lecture : 3 minutes

Auteur : Alain Julien

À force de discussions avec la Commission européenne, les différentes organisations viticoles – dont le Syndicat Général des Vignerons – ont obtenu la possibilité de dématérialiser ces informations sur des plateformes web dédiées, via un QR code. Afin d’accompagner les vignerons champenois vers cette nouvelle obligation, le SGV a négocié une solution spécifique avec la société Absomod, spécialisée dans l’innovation numérique.

La fin d’une exception

Dans le cadre de la nouvelle Politique agricole commune (PAC) pour la période 2023-2027, l’Organisation commune de marché (OCM) a adopté la réforme sur l’étiquetage des boissons alcoolisées. En vertu du règlement UE2021/2117, tous les vins produits et étiquetés après le 8 décembre 2023 devront faire figurer la liste des ingrédients et la déclaration nutritionnelle, au même titre que les autres produits alimentaires.

Après consultation du Parlement européen, de l’OMS, des organisations de défense des consommateurs et de santé publique, et des différentes filières productrices de boissons alcoolisées, la Commission européenne avait convenu de la nécessité de mieux informer les consommateurs et d’unifier la réglementation. Le risque étant la fragmentation du marché en raison de la multiplication des réglementations nationales et la création de barrières commerciales entre les États membres.

La mobilisation des organisations viticoles, dont le SGV, a fini par convaincre la Commission d’alléger cette obligation et de trouver un compromis en permettant aux opérateurs de publier ces informations sur une plateforme web, accessible via un QR code apposé sur la bouteille.

C’est la fin de quarante ans d’exemption et l’aboutissement d’une décennie de discussions parfois houleuses pour contrer les demandes des associations hygiénistes qui souhaitaient la publication des mentions directement sur l’étiquette des boissons alcoolisées. La dernière réglementation en matière d’étiquetage des vins remonte à 2005, avec la mention des sulfites.

Outre l’aspect esthétique qui permet au vin de rester un produit à part dans la sphère alimentaire, cette possibilité de dématérialiser les informations répond également à la spécificité et à la variabilité du produit qui évolue d’une année sur l’autre ou même d’une cuvée à l’autre. L’étiquetage se doit donc d’être réactif et praticable.

Par ailleurs, l’étiquetage des vins produits et étiquetés avant le 8 décembre 2023 n’aura pas à être modifié et ces vins pourront être mis sur le marché jusqu’à épuisement des stocks. Pour autant, la filière Champagne rencontre une difficulté pour les vins en vieillissement, puisque la réglementation prévoit cette période transitoire uniquement pour les vins étiquetés. Dès lors, la problématique des vins en cours d’élaboration doit faire l’objet de négociations à venir.

« Faire de la pédagogie auprès des consommateurs »

La déclaration nutritionnelle complète correspond à la valeur énergétique, la quantité de lipides, d’acides gras saturés, de glucides, de sucres, de protéines et de sel. Chaque producteur pourra au choix faire figurer la déclaration nutritionnelle complète sur l’étiquette ou se limiter à la déclaration de la valeur énergétique – exprimée par le symbole (E) – sur l’étiquette et publier le détail de la déclaration nutritionnelle de manière dématérialisée.

Un des enjeux de cette obligation tient dans la consonance peu naturelle, voire chimique, de certains ingrédients qui pourraient potentiellement influer sur la consommation. Il sera donc nécessaire de communiquer auprès des consommateurs de façon pédagogique pour justifier les choix œnologiques (conservation, régulation, d’acidité, stabilisation…), ainsi que l’absence d’incidence sur la santé en s’inscrivant dans la prescription d’une consommation responsable et raisonnable des vins.

Pour transmettre aux consommateurs une information fiable, les filières devront mettre en place une traçabilité précise, de l’entrée des raisins dans les pressoirs jusqu’au tirage. Un bouleversement d’autant plus difficile à gérer que la réglementation européenne, toujours en discussion, n’est pas encore figée. Les organisations viticoles françaises sont particulièrement mobilisées pour défendre les spécificités des AOC. Le tour suivant des négociations devrait se tenir au printemps 2023 à Dijon, qui accueille le nouveau siège de l’OIV.

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