Philippe Dupuis, Yann Munier, avis croisés
En juin 2019, Philippe Dupuis fera valoir ses droits à la retraite. Depuis plus d’un an, la transition est en cours avec Yann Munier, chef de caves adjoint. Dossier par dossier, responsabilité par responsabilité, la transmission se fait avec continuité et progression. Entré à la Covama comme stagiaire-œnologue en 2003, Yann Munier a occupé pendant 6 ans différents postes jusqu’à la responsabilité de la cuverie. Entre les deux hommes, beaucoup de respect mutuel.
Quel est votre pire millésime ?
Philippe Dupuis : 1984, sans hésitation. Ça ne mûrissait plus, les raisins faisaient 7°C, le botrytis s’était développé, c’était déprimant dans les pressoirs. 2017 n’a rien à voir.
Yann Munier : je n’ai pas cet historique ! Pour moi, 2017 a été plus difficile à travailler que toutes les autres années, et puis il y avait les goûts végétaux et la psychose sur les ACF.
Et le meilleur ?
Yann Munier : 2008, pour sa fraîcheur, sa tonicité.
Philippe Dupuis : 1998, c’est la plus grande année que j’ai connue, il y a tout dans ce millésime, on est jamais déçu. Il reste grand, même au fil des années.
Le climat évolue, les vendanges sont plus précoces, plus mûres, plus chaudes. Est-ce un danger pour le meunier ?
Philippe Dupuis : les grands vins de Champagne sont faits avec des raisins mûrs et je ne fais pas partie de ceux qui pensent que l’acidité est un gage de longue garde. Aujourd’hui, à 9.2, on ne fait pas de millésimé. Certes, il faut et il faudra particulièrement bien travailler les dates de vendanges, mais je n’ai pas de craintes particulières pour le meunier. Dans les 30 derniers millésimes, ceux qui ressortent pour ce cépage sont tous des millésimes bien mûrs.
Yann Munier : l’encépagement évoluera lentement dans la région, mais il restera l’identité locale. Si le meunier est bien maîtrisé dans ses mesures prophylactiques et ses rendements, c’est un cépage exceptionnel.