Questions d’actualité brûlante
ZNT – Sur Avize, la famille Gabriel Pagin possède une parcelle en partie collée à une maison. « Si le projet gouvernemental instituant des zones de non traitement de 10 mètres venait à s’appliquer, c’est un tiers de cette vigne qui sauterait. Certes, elle ne serait pas déclassée, mais elle serait non traitable… », observe Aurélien, en faisant un rapide état lieux : « Au total, nous pourrions perdre une dizaine d’ares ». Il convient que des « remises en cause » sont parfois nécessaires concernant les traitements, mais note qu’à « l’échelle de la Champagne un effort considérable a été engagé concernant les réductions de doses et nous continuons à sensibiliser toujours plus de monde ». Sa maman Marie-Catherine ne cache pas qu’elle a vu, par exemple, d’un bon œil l’arrêt des aspersions par hélicoptère : « Quand il passait pour traiter les vignes alentour, il traitait notre jardin en même temps ! Nos capots de voitures et les Vélux de la maison étaient recouverts d’une pellicule de produits », se souvient-elle, pas mécontente que l’aérien ait pris fin. Pour revenir aux ZNT, Aurélien tient à poser une question de fond, estimant qu’il faudrait prendre en considération le fait que les vignes aient été là avant la construction des habitations. « Avant ou après, ce n’est pas pareil. Il apparaît légitime d’aborder cet aspect du sujet. »
« Zéro herbicide » - L’horizon de 2025 fixé par les instances champenoises pour en finir avec l’utilisation des herbicides sur l’ensemble de l’appellation ne concerne pas vraiment la maison Gabriel-Pagin Fils puisque cela fait nombre d’années que les herbicides sont bannis ici. « A son époque, mon grand-père Roger labourait déjà ses vignes. Mon père a suivi son exemple en travaillant sans désherbant. Personnellement, je pratique un travail du sol en plein, avec un labour sous et au milieu du rang. Puis nous laissons l’herbe repartir d’elle-même. »
« Pascal, mon époux, a toujours privilégié la qualité des raisins à la quantité, Aurélien et Carole tracent leur chemin dans ce même sillon », se réjouit la maman.
Robotisation – Quand on possède une trentaine de parcelles réparties sur plusieurs communes (Avenay-Val-d’Or, Mutigny, Avize, Cramant et Cuis) il paraît, pour l’heure, difficile d’envisager investir dans des robots qui nécessitent des solutions de transport. « Pour celui qui dispose d'un bloc de vigne d’une dizaine ou d’une douzaine d’hectares, l’acquisition de ce type d’outil peut être envisageable, mais pour nous qui exploitons 9,5 ha disséminés sur cinq finages, ce n’est pas à l’ordre du jour. Pour autant, je crois à l’avenir de ces machines dès lors qu’elles permettent de réduire encore l’impact environnemental et notamment le bruit. Les enjambeurs classiques restent assez bruyants et il faut aussi tenir compte de cette nuisance sonore à proximité des habitations », analyse Aurélien. Le prix actuel des enjambeurs électriques est, selon lui, encore dissuasif pour des exploitations de la taille du Champagne Gabriel-Pagin Fils. « On ne peut pas changer de matériel tous les cinq matins. En revanche, il convient de s’équiper pour la pulvérisation confinée… ».