L’homme qui a vu l’Ource autrement
Né à la maternité de Bar-sur-Seine, Jean-Paul Richardot est très attaché depuis l’enfance à la bourgade d’Essoyes. Il y a vécu avec ses parents et il y suivit l’école primaire avant de repasser par Bar pour ses années collège. Cet attachement à Essoyes ne s’est jamais démenti même si son exploitation est basée à Loches-sur-Ource, le village voisin, et qu’il y passe le plus clair de son temps.
Assez naturellement, une fois adulte, il a intégré le conseil municipal essoyen alors présidé par le sénateur Yann Gaillard. "Je suis entré comme conseiller en 1995. Puis, à partir de 2001, j’ai enchaîné avec deux mandats d’adjoint aux côtés d’Alain Cintrat, toujours premier magistrat de la commune. Durant cette période, nous avons participé à l’émergence du projet Renoir, lequel a abouti en 2011. Le centre culturel Du côté des Renoir (et tout ce qu’il y a autour, désormais) participe grandement à l’attractivité touristique du secteur d’Essoyes. En travaillant sur un tel dossier, j’ai eu la chance d’aller découvrir l’autre 'patrie' du maître de l’impressionnisme, sa villa de Cagnes-sur-Mer. J’ai pu rencontrer aussi ses descendants. J’avais quelques affinités avec le monde de l’art — dans notre maison, nous avons accueilli le sculpteur Jivko avec qui nous sommes devenus amis et participé, notamment, au cycle Art et Millésime alors porté par Marie Gillet, de la Maison Devaux —, mais j’ai pu m’immerger davantage dans cet univers culturel qui contribue à ouvrir l’esprit, à porter un regard différent sur les choses et les êtres. Certains artistes nous parlent plus que d’autres, mais globalement, ils aiguisent notre curiosité, nous donnent l’envie de découvrir d’autres créations, d’aller visiter des musées… C’est une formidable ouverture sur les autres. Tout simplement", expose le vigneron, qui a bien d’autres cordes à son arc…
Sortir le nez du guidon
"Etre élu municipal, c’est du bénévolat, mais en retour, c’est un fort enrichissement sur le plan personnel car cela permet de multiplier les rencontres et d’aborder d’autres domaines que ceux liés à son métier. Grâce à mes différents mandats, j’ai pu sortir le nez du guidon", lance opportunément Jean-Paul Richardot, grand amateur de vélo (lire par ailleurs).
Dans sa vallée de prédilection coule l’Ource, une rivière le long de laquelle il a toujours aimé se promener et où il adorait se baigner dans sa jeunesse. Ces balades ont participé à son "éveil à la nature", observe-t-il. Dès qu’il a été élu au conseil municipal d’Essoyes, il a pris des responsabilités au sein du Syndicat de l’Ource, chargé de la gestion de la rivière. Il a alors pu travailler avec Sequana, dans une démarche de préservation et d’amélioration de la ressource en eau et des milieux naturels. "J’ai démarré vice-président, aux côtés d’André Cheurlin, de Celles-sur-Ource et j’ai beaucoup appris au contact du gardien de rivière, Vincent Gobin. Dans notre métier, nous sommes concernés par la ressource en eau. Nos actions ne sont pas neutres et nous devons œuvrer à la préservation de tout ce qui nous entoure, à commencer par les rivières", estime-t-il.
Se montrant de plus en plus impliqué sur le sujet, avec l’enchaînement de deux mandats en qualité de président du syndicat, il a été amené "à batailler contre certains détracteurs" au fil des projets portés. "L’effacement d’ouvrages, construits il y a 150 ans pour générer de l’énergie hydraulique à l’époque, mais devenus inutiles, a fait partie de ce travail de fond mené parallèlement aux actions conduites sur l’Arce et la Sarce, autres affluents de la Seine dans notre secteur. Il faut savoir que l’on comptait un ouvrage tous les deux kilomètres sur nos cours d’eau. Certes, parfois c’est beau ou intéressant architecturalement, mais mieux vaut, je crois, garder les rivières vivantes. Sur ce point, il faut féliciter le challenge relevé par l’Union Auboise d’effacer un bief important situé dans le périmètre de ses installations. Laurent Gillet, président du directoire, a été soutenu dans cette opération importante pour l’environnement par l’Agence de l’eau et par le Grenelle. Ce projet ambitieux a été important à mes yeux et le résultat est là puisque les spécialistes ont noté la remontée de certains poissons jusqu’à Celles-sur-Ource, comme l’omble-chevalier, de la famille des salmonidés." Un travail de l’ombre gagnant, donc !
Ph.S.